En France on a pas de pétrole, mais on a des idées… mais aussi des bagnoles et des circuits. Et quoi qu’en disent certains, cela fait amplement partie de notre patrimoine sportif et même culturel car n’en déplaise aux « escrolos », la première course automobile a été organisée en France lorsque le 22 juillet 1894, 21 équipages s’élançaient de Paris pour rejoindre Rouen à bord d’engins motorisés, que ce soit avec des moteurs à vapeur, à air comprimé, à pétrole et même électriques !
Si on compte tous les circuits automobiles de France on peut rester scotché en se rendant compte qu’il y en a plus de 550. Enfin dans le lot, on compte les circuits asphaltés (une cinquantaine), ceux de karting (+/- 400) mais aussi les circuits terre et neige et même ceux éphémères. Il n’empêche que pour un pays où une certaine doxa élitiste condamne l’automobiliste et son déplaçoir comme l’origine de tous les maux, ça calme.
Chez DLEDMV, on prône le plaisir de conduite, le stage en monoplace, la chasse à la trajectoire, les tapages de rupteurs… ouais, ici on adore respirer l’odeur de l’essence le matin ! Alors on va s’payer un p’tit tour des circuits tricolores où il fait bon y poser les roues…
Circuit des 24h du Mans (Circuits Bugatti et Maison Blanche)
Ce n’est peut être pas le plus excitant de tous, mais c’est sûrement le plus connu. C’est en 1906 que l’Automobile Club de France lance son premier GP sur un tracé d’une centaine de kilomètres en forme de triangle à proximité du Mans. Le tracé sera repris en 1911 puis en 1912. Dix ans plus tard, l’Automobile Club de l’Ouest reprend l’idée afin d’organiser une course d’endurance où deux pilotes se relaieraient sur 24h. En 1923, la première édition des 24h du Mans se déroule sur un tracé spécifique d’un peu plus de 17 km. Depuis, il évoluera et changera pour en être en 2023, à sa 18ème version. Sachant qu’il est éphémère puisqu’il emprunte des routes nationales sur 95% de sa longueur. C’est seulement en 66 que le circuit Bugatti offrira un circuit permanent, rejoint en 76 par celui de Maison Blanche. Pour plus d’infos, ça se passe dans ces articles…
Circuit Paul Ricard
Dans le sud, on a le soleil, le Mistral, les cigales et… le Ricard. Nan, pas de promo pour une quelconque boisson roturière alcoolisée parce qu’ici, on n’carbure qu’à l’essence. Quand j’vous dis Ricard, je veux bien entendu parler du circuit Paul Ricard, du nom de son créateur. Inauguré en 1970, il a accueilli le GP de France de F1 à 14 reprises entre 71 et 90, puis 4 fois de 2018 à 2022. Entre temps, il est devenu HTTT (High Tech Test Track), a subi une bonne cure de chirurgie esthétique pour devenir un tracé aux multiples facettes (247 exactement), et hyper sécurisé sans pour autant sacrifier le double droit du Beausset ou la légendaire ligne droite du Mistral et ses 1800 m.
Circuit de Dijon Prenois
A la fin des années 20, le Grand Prix de Bourgogne est organisé à 4 reprises sur un tracé d’à peu près 18 km de routes nationales qui bordent la ville de Dijon. Pourtant, il faudra attendre 1972 pour voir sortir de terre le circuit de Dijon Prenois et devenir le haut de lieu de l’endurance, du GT, du Supertourisme mais aussi de la F1 en accueillant le GP de France à 5 reprises ainsi que celui de Suisse en 75 et 82. C’est sur son tracé que s’est déroulé le plus beau duel de la F1, en 79, avec une bataille d’anthologie entre Gilles Villeneuve au volant de sa Ferrari et René Arnoux à bord de sa Renault.
Autodrome de Linas-Montlhéry
C’est en 1924 que l’Autodrome de Linas Montlhéry ouvre ses portes. Cet anneau de vitesse de 2,5 km aux virages relevés va vite devenir le temple de la vitesse où en une dizaine d’années presque 90% des records existants vont y être battus. En 1925, une piste éphémère qui reprend 12,5 km de routes y est greffée pour pouvoir y organiser le Grand Prix de l’Automobile Club de France. Pourtant, l’Autodrome va quasiment aussitôt connaitre des difficultés… le béton qui compose les deux virages se désagrège impliquant un entretien extrêmement couteux, à tel point qu’en 39, trois ans après le décès de son fondateur, les promoteurs se voient contraints de le vendre au Domaine national qui le met à disposition du Ministère de la guerre. En 46, l’UTAC en reprend la gérance. L’anneau est rénové, un tracé d’un peu plus d’1 km y est greffé et il devient un centre d’essai. Cela n’empêche pas les promoteurs d’y organiser des courses de monoplaces mais surtout, les 1000 km de Paris qui dérouleront de 1956 jusqu’en 1995. Aujourd’hui, il s’ouvre aux trackdays et à différents évènements autos sportifs ou historiques.
Circuit de Nevers Magny-Cours
Quand le circuit de Magny Cours sort de terre en 59 à l’initiative de Jean Bernigaud – maire de Magny-Cours et propriétaire du terrain – il se contente de mesurer 510 m et d’être exclusivement réservé aux kartings. Deux ans plus tard, il passe à 2000 m et est rebaptisé Circuit Jean Behra. Il ne va cesser d’évoluer et de s’agrandir jusqu’en 86 où le conseil général de la Nièvre le rachète à la famille Bernigaud avec l’appui de François Mitterrand. Trois ans plus tard, le nouveau tracé est inauguré mais surtout homologué pour y accueillir à partir de 91 le GP de France de F1, mais aussi le championnat du monde des voitures de sport, le Bol d’Or, le Superbike… Bref, Magny Cours va devenir le fleuron des circuits tricolores jusqu’en 2008 où, en proie à des difficultés financières et face à des couts de plus en plus importants pour une fréquentation en baisse, la FFSA annonce l’abandon d’un GP de F1 en France. Depuis, Magny Cours est resté l’un des circuits majeurs tricolores et ne cesse de rêver à un retour de la F1 sur son bitume.
Circuit de Charade
Jusqu’au milieu des années 50, les courses autos étaient organisées sur des tracés de routes nationales emménagées pour former un circuit. L’accident de Pierre Levegh en 55 aux 24h du Mans va redistribuer les cartes et faire prendre conscience que la sécurité des spectateurs, des pilotes et des infrastructures, c’est bien aussi ! C’est de là que 1958 va voir naitre le circuit de Charade, à partir de routes existantes qui vont être refaites mais surtout élargies et sécurisées. Un tracé de 8 km sinueux et vallonné que Stirling Moss qualifiera en 59 de « plus beau circuit du monde ». Les courses s’y succèdent… même la F1 va y poser les roues en 65, 69, 70 et 72. Mais peu à peu le tracé devient obsolète, les abords se détériorent et il est constamment jonché de gravillons et de pierres. C’est l’un d’eux qui sera propulsé par un slick pour finir dans le visage du pilote Helmut Marko lui faisant perdre un oeil, signant la fin de carrière mais aussi celle de Charade. Après quelques années d’abandon, il est raccourci à 3975 m et remis aux normes. Depuis 2000, il est entièrement clôturé et équipé de bâtiments comprenant 35 stands et une tour de contrôle.
Circuit de Pau-Ville
C’est en 1933 qu’a été organisé le tout premier Grand Prix de Pau dont le tracé de 2,649 km utilisait les rues de la ville. En 37, le tracé est modifié pour passer à 2,760 km et en 57, il est sécurisé. Au début des 70’s, on y installe même des glissières le long du tracé. Bien qu’éphémère, le circuit de Pau Ville (à ne pas confondre avec le circuit de Pau Arnos) est devenu un incontournable. Le tracé est technique, s’appuie sur d’importants changements de dénivellation avec certains passages étroits. La moindre erreur se paye cash. Les sensations et l’adrénalines mettent les nerfs des pilotes à rude épreuve ! Il accueille chaque année sur deux week-ends, le GP de Pau et le GP de Pau Historique.
Circuit des remparts d’Angoulême
La première épreuve du Circuit des Remparts (c’était aussi le nom de la course) s’est déroulée en 1939 avant d’être aussitôt interrompue pendant la guerre pour reprendre en 47. Sur la ligne de départ, on y retrouve les grands noms du sport auto avec Fangio, Trintignant ou encore Manzon qui sont venus affronter ce tracé de 1279 m lent et technique. Mais une fois de plus, l’accident de Levegh voit l’épreuve annulée à partir de 55. Il faudra attendre 78 pour le voir revenir le temps d’un week end sous forme d’un évènement international regroupant courses de véhicules historiques, concours d’élégance et rallyes touristiques.
Circuit de Lédenon
Les 3150 m de tracé du circuit de Lédenon sont considérés comme les plus vallonnés, les plus sinueux et les plus techniques de France ! Et pour ne rien arranger, c’est le seul à proposer un sens de rotation anti-horaire. Il sort de terre en 73 à l’initiative du couple Bondurand, deux passionnés de sport auto. Aujourd’hui, il est devenu l’un des incontournables des championnats autos et motos.
Circuit de Nogaro
De son vrai nom le circuit Paul Armagnac (en hommage au pilote gersois) est le premier circuit permanent de France. Inauguré le 3 octobre 1960, il offre un tracé inspiré de celui de Sebring, en plus court puisqu’il se contentait de 1752 m. A l’époque une machine agricole modifiée servait de chronomètre et des traverses de chemin de fer faisaient office de glissières ! Rapidement obligé de se sécuriser, il est repris par le département du Gars pour 1 franc symbolique et se modernise en 68, afin d’y voir se dérouler la première édition de la coupe de Pâques. Depuis, il n’a cessé d’évoluer, passant à 3120 m en 73, puis 3636 m en 89. En dehors de la F1, il a vu passer quasiment toutes les disciplines du sport autos… et motos !
Voilà nous en sommes à 10… mais une fois de plus, le but n’est pas de poser une quelconque hiérarchie ou un stupide classement. Aux côtés de ces tracés, d’autres en valent aussi largement le détour. Du Mas du Clos au Grand Sambuc en passant par Croix en Ternois, Lohéac ou même les oubliés circuits de Reims-Gueux ou encore celui de Miramas devenu depuis 86 centre d’essai BMW. Non l’objectif était surtout de montrer qu’à l’image de l’auto, on a beau vouloir les éliminer, ils sont toujours là à résister à l’envahisseur escrolo, au spéculateur immobilier ou à celui qui voudrait le faire taire à tout jamais. N’oublions pas qu’ils font partie de notre patrimoine, et comme toute chose en voie d’extinction, on devrait plutôt les protéger !
© DR et signatures éventuelles
Joli inventaire à la Prévert!!!
J’ai tourné sur la plupart des circuits de la moitié nord de la France : le Bugatti au Mans, Dijon, le Mas du Clos, le circuit routier de Monthléry (pas avec l’anneau, hélas), Magny-Cours et Charade, et dans le sud, le LEDENON que j’adore; également, et sur des petits circuits, comme Lurcy Lévis, la Chatre, Folembray, la Ferté Gaucher, Bois-Guyon, les Écuyers, Clastres, Abeville et Croix en ternois , Loheac.
C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui, car les prix d’engagement à la journée ont nettement augmenté , ce qui rend ce loisir nettement moins accessible.
J’aimerais bien également tourner sur le circuit de Spa en Belgique, mais le cout d’engagement à la journée et le prohibitif