’90 Mercedes 560 SEC Koenig – Plus large, plus puissant !
par Thierry Houzé | 3 mai 2024 | Street |
Dès que tu vois le badge de Koenig sur une caisse, tu sais que ça va tomber dans l’excès. Excès de largeur et excès de puissance. Ah il était comme ça Willy Koenig, il aimait en faire trop, que ce soit derrière un volant ou avec une clé de 12. Et c’est surement pas cette Mercedes 560 SEC Koenig Specials, ni son kit large et encore moins le compresseur qu’elle cache sous son capot qui diront le contraire !
L’ami d’Enzo
Après avoir fait fortune dans l’édition, Willy König s’est lancé dans une carrière de pilote. Il démarre en 61 en s’offrant un Formula Junior Cooper. Mais voilà, Willy ne se contente pas de faire de la figuration. Il est rapide. Dès 62, il passe sur une Ferrari 250 GT SWB avec laquelle il va décrocher la catégorie GT du Deutsche Bergmeisterschaft, le championnat allemand de course de côte. Une distinction qui va lui ouvrir les portes de Maranello où Enzo va célébrer sa victoire en organisant une fête en son honneur et signer le début d’une relation amicale entre le pilote allemand et le Commandatore.
Koenig Specials
En 69, alors qu’il n’a que 31 ans et après avoir piloté des monstres comme la GT40 ou encore la Lola T70, König décide de raccrocher la combi et les gants pour profiter d’une retraite – très – anticipée. Mais voilà, 5 ans plus tard, alors qu’il vient d’acquérir une Ferrari 365 GT4 BB, il décide d’y coller une p’tite cure de testo et modifie son italienne pour en faire « une véritable voiture de sport ». Par la même occasion, il commence à en faire de même sur les voitures de ses amis… et des amis de ses amis. Si bien qu’en 77, à Munich, il ouvre son atelier Koenig (avec un e) Specials dans le but de modifier les supersportives, qu’elles soient italiennes, anglaises ou allemandes.
Le roi du tuning
Rapidement, Koenig devient LE spécialiste des projets délirants avec kits larges et greffe de turbos ou de compresseur. Il s’offrira même un coup de pub mondial en posant sur la route une Testarossa de 2m18 de large avec un 12 cylindres boosté à 1000 ch… du jamais vu pour l’époque, d’autant plus que rien n’arrête Willy, de l’Opel Kadett à la Jaguar XJS, en passant par la Ferrari 348 à la Porsche 928, il ira même jusqu’à développer et proposer une version route de la Porsche 962, victorieuse des 24h du Mans en 86 et 87 (puis en 94 avec Dauer).
Mercedes 560 SEC
Bien entendu, la Mercedes 560 SEC aura droit elle aussi à sa cure Koenig (bien oui, sinon y’aurait pas eu d’article !). A savoir que le coupé Mercedes 560 SEC faisait ce qu’il y avait de plus classe dans les 80’s et début des 90’s. Mercos y avait collé tout son savoir faire en guise de technologie et de luxe. Sous le capot, on y trouvait un V8 de 300 ch capable d’envoyer l’engin à 250 km/h après avoir expédié le 0 à 100 en 7,4 et le 1000 m en 27,1. Ok, à une époque où des SUV en affichent plus du double, ça peut faire sourire, mais en 86, ça faisait moins rire !
Sobre ou pas
Quoiqu’il en soit, pour ceux qui en voulaient plus, Koenig avait c’qu’il fallait. Esthétiquement, il proposait de la passer en mode Testarossa avec un kit qui reprenait le code stylistique de l’italienne à savoir les extensions d’ailes arrière avec les ailettes. Ceux qui préféraient la sobriété (!) pouvaient opter pour celui qui défile sous vos yeux… presqu’aussi large, mais plus « conventionnel » ! Dans l’habitacle, rien ne change… le full option Mercedes se suffisant à lui même.
Supercharged
Bien entendu, si les jantes larges sont au rendez vous (on dirait des OZ Futura non ?), les suspensions sont signées Bilstein et le freinage était revu à la hausse. En tout cas il valait mieux afin d’encaisser les charges du V8 qui voyait débarquer un compresseur Albrex pour y souffler dans les bronches et, accompagné d’une ligne et d’une gestion sur mesure, lui rajouter 100 ch pour faire passer le V8 à 400 ch et 500 Nm. Et là, ça n’rigolait plus vraiment surtout du côté d’AMG qui se prenait 15 ch dans les dents de sa 560 SEC 6.0.
Une amitié de court durée
Pour l’histoire, l’amitié entre Enzo Ferrari et Willy König va rapidement disparaitre dès que l’allemand va commander à s’attaquer au sportives de l’italien. Maranello ira jusqu’à l’attaquer et imposer à Koenig de retirer les signes distinctifs sur ses voitures, comprenez par là tout ce qui comporte un cheval cabré. Cela n’empêchera pas Willy de continuer d’œuvrer jusqu’au début des années 2000 avec, en guise de dernières œuvres, les Koenig 600C (Mercedes 600 SL et 600 SEC de 580 ch) et Koenig KS360 biturbo (une Ferrari 360 Modena biturbo de 600 ch) jusqu’en 2005. Depuis, Koenig existe toujours et se contente de produire des pièces et accessoires.
A « ceux qui veulent revivent leurs années tuning »!!! Plus possible maintenant, malheureusement.