’58 Porsche 356 Emory Special… du outlaw à 800000 $ !
par Thierry Houzé | 12 juillet 2024 | Street |
Certaines marques ont leurs spécialistes. Alpina pour BMW, Brabus pour Mercedes, Mansory pour les voitures de footballeurs, Spoon pour Honda, MTM pour Audi, Shelby pour Ford, ABT pour VW, Arden pour Jaguar, Norauto pour Dacia ou encore Singer pour les… 911. Car pour les Porsche 356, il n’y en a qu’un seul qui peut se permettre de les retoucher sans se faire dézinguer par les puristes… c’est Emory Motorsports.
Valley Custom Shop pour Neil Emory
Chez les Emory, ça fait trois générations qu’on se charge de modifier les voitures. Tout a commencé en 1948 en Californie lorsque Neil Emory ouvre Valley Custom Shop à Burbank. A l’époque la tendance c’est le hot rod et Neil se forge rapidement un nom parmi les spécialistes de la discipline. Ce sera lui qui se chargera de concevoir et d’assembler la carrosserie du célèbre SoCal Streamliner, un engin de mort qui nécessitera un stage de pilotage afin d’être dompté pour aller chercher plusieurs records de vitesses à Bonneville.
Rencontre entre Chick Iverson et Gary Emory
Dans les années 60, son fils Gary rejoint l’aventure et ensemble, ils commencent à collaborer avec Chick Iverson, propriétaire de la concession VW et Porsche de Newport Beach. Ce partenariat tombe plutôt bien puisque la tendance hot rod s’estompe. C’est ainsi que Gary Emory’s Parts Obsolete va devenir l’antre de la pièce Porsche et le spécialiste de la restauration des modèles de Zuffenhausen en général et de la 356 en particulier. C’est également à cette même période que Gary Emory va imaginer et créer le premier Baja Bug ou Cox Baja.
Rod Emory et les Porsche 356
Dans les années 70, il s’inspire de la compétition pour modifier et muscler une des toutes premières 911. C’est à bord de cette 911 élargie que Rod fera ses premiers tours de roues, confortablement installé sur la banquette arrière lors de sa sortie de la maternité…! Presque 50 ans plus tard, Rod Emory a fait d’Emory Motorsports le spécialiste de la restauration et du outlaw sur Porsche 356 pour en faire des engins largement capable d’aller s’aligner dans n’importe quel stage de pilotage sur circuit. Allant même jusqu’à créer ses propres modèles originaux, entièrement reconstruits… les Emory Special ! Quelle belle entrée en matière. Ca pose les jalons et ça explique le level de cette Porsche 356 Emory Special.
Passage en Speedster
Cette Porche 356 A de 58 a commencé sa vie en coupé avant d’être transformée en Speedster à la fin des 90’s pour rejoindre la collection de Larry Wilson un entrepreneur qui a fait fortune dans l’assurance mais aussi à la tête d’une des collections privées (la Wilson Collection) les plus importantes des USA avec presque 150 voitures. C’est en 2021 qu’elle est rachetée par Emory Motorsports où, pendant 2 ans, elle va être entièrement reconstruite avant d’être livrée à son nouveau proprio en 2023.
50% 356 Speedster, 50% 550 Spyder, 100% Emory Special
Afin de pouvoir s’appeler Emory Special, lors de sa reconstruction, la 356 va adopter des modifications qui lui seront propres. Comprenez par là qu’elle seront uniques et qu’aucune autre 356 revue par Emory ne recevra les mêmes modifs. En l’occurence une face avant inspirée par la 550 Spyder avec une grille de refroidisseur d’huile, une grille de capot inversée, des bas de caisse roulés de type Pre A et des passages de roues modifiés afin d’accueillir des jantes en alu usinées en 16″ et enrobées de Michelin Pilot Sport en 205/55.
Du grip
Les trains roulants ont reçu tout le savoir faire d’Emory Motorsports, double triangulation à l’avant, train de 911 à l’arrière, combinés et barres stab’ réglables PEP, la direction a été rendue plus directe et un freinage à disques ventilés mordus par des étriers 4 pistons à l’avant.
Des watts
Tout à l’arrière, on retrouve maintenant un Outlaw-4, un Flat 4 de 2.6 l conçu et fabriqué par Jeff Gamroth de Rothsport Racing sur demande spéciale d’Emory Motorsports. Ce Flat 4 s’inspire du Flat 6 de 3.6 l à carter sec. Le bloc est en alu moulé, les culasses double arbres ont été développées chez Elgin engineering. Le vilebrequin est équilibré avant d’accueillir les bielles et pistons du Flat 6. L’injection Rothsport est à papillons individuels, l’allumage et la gestion sont signés MoTec. La lubrification à carter sec est associée à un radiateur d’huile pendant que l’alimentation en essence vient de chez Fuelab. Le collecteur et la ligne sont en inox. Cubant à 2.6 l, il envoie 260 ch aux roues arrière via une boite pont à 5 rapports manuels de type 901.
Du cuir
Dans l’habitacle les baquets vintage s’affichent en cuir Cognac Hydes. On y retrouve également un volant Derrington en bois, une instru VDO, une clim Classic Retrofit et une sono Bluetooth parfaitement camouflée. Le pommeau en bois vient du catalogue Emory.
800000 $ !
Avec 860 kg sur la balance, cette Porsche 356 Emory Special doit en poutrer des plus modernes et plus récentes. La création de Rod Emory va au delà d’un simple restomod ou d’un projet outlaw. A l’image d’une Singer, c’est de la reconstruction. Et pour les puristes, dites leur juste qu’elle vient de se vendre pour 800000 $… D’origine, elle aurait couté moins de la moitié !