Rats ’58 Rolls Royce Silver Cloud… F**k the purist !
par Thierry Houzé | 17 novembre 2018 | Street |
Apparemment, il y a certains icônes qui doivent absolument rester intouchables… Ouais,si vous êtes puristes, vous vous dites déjà que si je commence l’article comme ça, c’est que ça pue pour la suite. Et vous avez raison ! Parce qu’une Rolls Silver Cloud, swappée et cuisinée à la sauce un peu rat’s, un peu custom… Oui ça défonce sa race !
Une Rolls c’est la notoriété poussée à son paroxysme. La quintessence du « prout prout », avec la tasse en porcelaine et le p’tit doigt en l’air ! Quand tu croises une Rolls, tu t’entends à en voir descendre un de ces clichés de Lord anglais, ou bien un de ces banquiers avec permis de conduire Suisse, moustaches en roues de vélo, complet en velours avec veston à carreaux, Weston bicolores et la casquette en tweed sur la tête… Le mec il regarde l’heure sur une montre à gousset et quand il parle, t’as l’impression de suivre un cours de philo du 19ème siècle ! Et que vous aimiez ou non, je préfère 1000 fois ce genre de classe plutôt que ces vulgaires SUV ou pseudo berlines – coupés – sportives qui séduisent autant le kéké adepte de Jul qui ne sait quoi faire de sa fraiche que le footballeur cherchant à combler son déficit intellectuel par un amas de chevaux vapeurs qu’il n’exploitera jamais !
Oui, une Rolls c’est un concentré de classe… et même si le temps les a rendu baroques, voire même ringardes pour certaines, elles gardent leurs adeptes, séduits par ce charme intemporel qui les rend simplement uniques. D’ailleurs, si on était pas sérieux, plutôt que de se payer un SUV ou un monospace neuf, on préfèrerait avoir le Spirit of Ecstasy au bout du capot. Car une Rolls, c’est loin d’être inaccessible… par contre, à rouler et entretenir, tu comprends vite que t’es pas dans une Twingo… et encore quand tu vois c’que coute une moderne…!
Personnellement, je pousserais le vice jusqu’à rouler en Rolls mais en mode rock’n roll. La peinture rutilante, les chromes clinquants, finalement, ça ne flatte que l’oeil de ceux qui les admire. L’essentiel, c’est de poser son cul derrière le volant non ? En tout cas, c’est la philosophie de Jonathan Ward, le boss d’Icon, un préparateur californien spécialisé dans les 4×4 et qui a récemment fait parler de lui au SEMA avec un coupé Mercury 49 équipé d’un moteur électrique.
En fait, Jonathan en a eu marre de devoir « faire attention ». Attention à c’qu’on va penser, attention à prendre soin… Finalement, une voiture ancienne, il n’y a rien de plus logique qu’elles vieillissent en portant les signes de sa vie passée. Pourquoi les restaurer à un degré extrême pour finir par ne pas oser s’en servir ?! Tout en se passant de ce que la technologie actuelle peut apporter ? Vous savez 2 heures…
Finalement, je trouve Jonathan plutôt réaliste dans sa vision… Une bagnole c’est fait pour rouler non ? Et si on peut profiter de l’ancien, tout en la rendant plus agréable et fiable au quotidien en usant de ce que notre époque nous apporte, alors pourquoi ne pas prendre un peu le meilleur de tout ça ? Après tout… pourquoi toujours s’arrêter ou se brider par rapport à c’que pourront dire ou penser les autres ? On les emmerde non… c’est notre caisse, notre tune, on en fait c’qu’on veut !
Puis Jonathan, il aime le côté archaïque des anciennes caisses… même s’il reconnait être devenu accro des perversions proposées par les modernes. Leur confort, leur silence, leur technologie, leur sécurité active et passive. Du coup, c’est hyper motivé et totalement décomplexé des contraintes de ceux qui pensent détenir le savoir ultime, par rapport à lui qui va faire, que Jonathan s’est lancé dans l’aventure d’Icon et du restomod. D’ailleurs sa 1ère réalisation était une De Soto Station Wagon de 52. Une caisse cool, fun, et sans se prendre la tête, capable de déménager un pote, d’embarquer les chiens, de mener les gamins au skate park ou éventuellement, poser sous les projos du SEMA !
Après s’être fait une belle notoriété dans le milieu des 4×4, notamment celui des Ford Bronco et des Toyota FJ, Jonathan a lancé les « Delerict »… abandonné ! Des caisses sorties de grange ou du fond d’un terrain vague. Elles gardent leur aspect esthétique roots et défracté, et reçoivent une partie mécanique moderne.
C’est le cas de cette Silver Cloud, projet commandé à Icon par un australien afin de la faire rapatrier sur son île une fois terminée ! Sachant que Ward avait toujours voulu faire une Rolls Delerict… histoire d’aller chauffer les puristes ! Ce genre de projet c’est un peu comme quand tout le monde porte un smoking et que tu te pointes en kilt, avec les couilles à l’air !
La voiture est sortie des ateliers en 1958. Elle a aussitôt pris la direction de la Californie pour devenir la propriété d’une société de cosmétiques, qui servait pour impressionner les clients. Elle sera offerte au directeur lors de son départ à la retraite. Mais un problème électrique aura raison d’elle et elle se retrouvera stockée au fond d’un hangar pendant dans décennies.
Jonathan Ward l’a donc récupérée avant d’en faire un état des lieux. Le moteur ayant refusé de redémarrer, la solution va être radicale… et très ricaine. C’est désormais un V8 Chevrolet LS7 (Le bloc de la Corvette Z06) qui prend place sous le capot. Les trains roulant sont désormais à roues indépendantes, avec combinés amorto / ressorts. Un freinage Brembo vient rassurer le conducteur. La clim et le régulateur de vitesse font désormais partie de l’équipement de base, mais la prouesse est sur l’intégration, car tout a été monté sur les tirettes chromées d’origine… ni vu ni connu !
Cette caisse est un pur paradoxe entre le look, et le caractère, notamment les perfs et le bruit. Un vrai sleeper qui cache son jeu derrière une façade chic mais fatiguée. Aux dires de Jonathan : « Les Derelicts sont simplement un moyen différent de revisiter le design d’une classique dans un contexte moderne. Certaines personnes le comprennent, mais beaucoup n’y arrivent pas. Ils se demandent pourquoi on peut dépenser autant d’argent pour quelque chose qui ressemble à de la merde. Mais lorsque vous la conduisez, l’interaction est totalement différente; vous oubliez toutes ces conneries sociales et surtout, vous ne reviendrez jamais en arrière ». J’adore ce mec !
Aujourd’hui, la voiture use ses pneus sur les routes australiennes… Pour la p’tite histoire qui va bien, sachez que le frère du proprio de la voiture est le président du club officiel Rolls. Un peu provocateur le frangin !
© Alex Lawrence