La première fois que je suis tombé sur photo de c’te caisse, j’ai d’abord cru à un mauvais Photoshop comme on en croise régulièrement. Puis quelques détails m’ont quand même interloqué et j’ai creusé un peu jusqu’à ce que je me rende compte que cette Mustang avec une gueule d’Alfa avait réellement existé au Brésil. Alors j’ai appelé Père Motor et j’y ai demandé de me raconter l’histoire de cette FNM Onca…
FNM, ça n’a rien à voir avec un groupe de électro des 90’s… Il s’agit des initiales de la Fábrica Nacional de Motores, solution trouvée par le gouvernement brésilien en 1942 pour lancer une activité industrielle au Brésil. On n’est jamais aussi bien servi que par soi même !
La FNM s’installe à proximité de Rio de Janeiro et commence son activité en assemblant des moteurs d’avions sous licence Curtiss-Wright. Puis en 1949, c’est au tour d’Isotta Fraschini de passer un deal avec la Fabrica pour y faire construire des camions et poids lourds. L’histoire va durer 2 ans puisqu’en 1951, Isotta est placé en faillite et FNM arrête son activité.
En 52 c’est Alfa Romeo qui va voler à son secours en refilant à FNM la licence pour y produire ses camions (Les camions Alfa Romeo n’ont jamais été commercialisés en France). Jusqu’en 1961, l’usine assemble plus de 15000 poids lourds et châssis pour autobus… mais c’est surtout cette même année que l’usine brésilienne ouvre une autre ligne de production, spécialisée pour les automobiles.
Et la première à tomber des lignes sera l’Alfa Romeo 2000, une copie de la berline italienne présentée à Turin en 57, qui de l’autre côté de l’Atlantique s’appellera FNM 2000 JK… JK pour Juscelino Kubitschek, le président brésilien de l’époque. Elle recevait un 4 cylindres 2.0l double arbres, bridé à 95 ch. Mais les clients brésiliens en voulaient plus, notamment pouvoir profiter d’une version coupé et cabriolet… demande refusée par Alfa Romeo.
En 64, un coup d’état renverse le gouvernement brésilien, les initiales JK disparaissent des fesses de la FNM 2000 et Genaro “Rino” Malzoni fait son entrée en jeu. Ce carrossier indépendant, fabriquait des caisses en fibre de verre dans son atelier de Matao. Il acquiert une FNM 2000, récupère la plateforme puis l’habille d’une nouvelle carrosserie deux portes. Le projet, baptisé Onca (Jaguar en portugais…!) est ensuite présenté lors de la Feira Brasileira do Atlântico (Foire Atlantique du Brésil) à Rio.
Mais la direction de FNM n’approuve pas le dessin. Genaro revoit sa copie et en profite pour récupérer le châssis de la nouvelle FNM 2000 TiMB (Turismo Internazionale Modello Brasile), dont l’empattement est raccourci de 220mm et équipé du 2.0l fortement modifié pour développer 160 ch. En 66, le coupé FNM 2000 est officialisé…
Le paradoxe de cette voiture, c’est que pour le coup, Genaro « Rino » Malzoni n’a pas pris le moindre risque. Il a repris le profil du coupé star de l’époque, la Ford Mustang. Il y a modifié quelques bricoles, comme les feux arrière et le tableau de bord, puis lui a greffé une face avant de GTV !
Contre toute attente, le dessin est validé. FNM et le carrossier passent un accord, et les premiers châssis équipés du 2.0l, dégonflé à 115 ch, partent pour Matao afin de recevoir leur nouvelle carrosserie et l’habitacle. Sauf que tout ça s’est fait dans le dos d’Alfa Romeo qui bloque aussitôt le projet et demande à ce qu’un exemplaire leur soit livré en Italie. La voiture reçoit une batterie de tests et les ingénieurs de Turin imposent une liste de modifications afin que le coupé puisse voir le jour.
Face à ces contraintes, FNM préfère annuler la production du coupé. Malgré tout, sur les 8 châssis envoyés, Genaro a déjà assemblé et livré 5 voitures devenues depuis de vrais collectors. L’une d’elles est exposée au musée de l’automobile de Brasilia.
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