Ferrari 275 GTB… Rien que ce nom suffit à exciter les petrolheads. Une de ces pépites des années 60’s, époque où la simplicité des lignes, tracées d’abord dans un but d’efficacité aérodynamique en compétition, suffisait à rendre les voitures tout simplement belles. Et celle qui suit n’est pas n’importe quelle 275 GTB puisqu’il s’agit de celle du boss himself ! Non, pas celle d’Enzo, mais celle de Battista « Pinin » Farina.
D’ailleurs pour l’histoire et votre culture automobilistique, né Giovanni Battista Farina en 1893 à Turin, il fut surnommé Pinin, ce qui signifie petit en piémontais. Et c’est en 1961 qu’il prit le nom de Battista Pininfarina.
Son père qui était cultivateur, s’installa donc à Turin pour y trouver du travail. Il en trouva chez Fiat… Battista commença à travailler en tant qu’apprenti dans le garage de son frère, Giovanni Farina (Son fils, Giuseppe Farina deviendra le 1er champion du monde de F1). Il y croise régulièrement Voncenzo Lancia et Giovanni Agnelli. Et justement, l’histoire va s’emballer en 1912 alors qu’il n’a que 19 ans, quand ce dernier va lui proposer de venir sur Turin pour y créer la carrosserie de la Fiat Torpedo.
En 1918, il décide de partir quelques mois au Etats Unis dans le but de s’instruire et d’étudier l’évolution technique qui fait le succès des usines Ford à Détroit. Sous le charme et impressionné par ce jeune italien, Henry Ford lui proposera même de l’embaucher.
Mais de retour en Italie, il continue de se faire la main chez Fiat jusqu’en 1930 où il décide de créer sa propre structure, la Carrozeria Pinin Farina située au 107 Corso Trapani à Turin. Dès sa 1ère année, il compte 90 salariés et réalise 42 carrosseries.
Rapidement, il investit dans une soufflerie, suivie d’un centre de recherche tout en se lançant en parallèle, dans le design auto. Le reste de l’histoire, on la connait presque tous… Lancia Aprillia, avant la guerre, puis une fois le conflit terminé, une ribambelle de voitures qui vont marquer l’histoire. Cisitalia, Lancia Aurelia, Beta Montecarlo ou 037, Cadillac Eldorado Brougham, Fiat Dino, Maserati A6GCS, Alfa Giulietta, Spider Duetto, Honda Beat, MG B, Volvo C70, Rolls Royce Camargue, Talbot Samba Cabriolet… sans compter d’autres modèles ainsi que des concept cars.
Et c’est justement cette collaboration (et cette amitié) avec Ferrari qui lui a permis de gagner ses lettres de noblesses à travers les époques et les générations. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a fait de cette 275 GTB sa voiture perso. Mais bien entendu, Battista ne pouvait pas rouler dans une caisse identique à celles des autres. C’est pour cela qu’il l’a confiée à ses ingénieurs afin d’y apporter quelques modifs. C’est d’ailleurs la seule 275 assemblée chez Pininfarina et non chez Scaglietti. Elle embarque une foule de détails bien inspirés.
Pininfarina a voulu un habitacle inspiré du rallye. Du coup, ce cocon tendu de cuir havane, de moquette épaisse crème et de bois précieux, reçoit les vitres électriques (!) et une paire de chrono Heuer posés sur la console centrale, au pied de la célèbre grille de vitesses métallique.
La calandre est légèrement différente et s’habille du Cavalino Rampante. La bossage du capot est modifié pour pouvoir dissimuler les 6 carbus du V12. La modification la plus visible vient de l’arrière, désormais équipé d’un diffuseur… en 64, Pininfarina était déjà en avance sur son temps, même s’il n’a pas pu en profiter longtemps puisqu’il disparait le 3 avril 1966.
La voiture a alors fait des apparitions remarquées dans différents concours d’élégance avant de disparaitre au début des années 90. Elle a refait surface le mois dernier pour la vente aux enchères Gooding & Co au Scottsdale Fashion Square en Arizona où elle y a réalisé la meilleure enchère à plus de 8.000.000 $ !
© Gooding & Co