Nous sommes en 1995 et le salon de Détroit s’apprête à vivre un de ces moments uniques. Vous savez, un peu comme si le temps et l’espace se figeaient un instant… avant de reprendre leur rythme, mais où tout le monde s’est rendu compte que les choses ne seront plus comme avant ! Cette fracture spatio-temporelle, elle est signée Ford… et elle s’appelle GT90 !
Ca faisait longtemps que je voulais vous parler de la GT90. Je commence à me rendre compte qu’avec mes articles, j’ai tendance à devenir le Picasso des mots ! N’y voyez aucun manque d’humilité en me comparant maladroitement au talentueux artiste. Non en fait, je commence à me dire que j’ai des périodes… Aprsè vous avoir joué la symphonie du trio Lola avec la T70, la GT Mk6 et celle street legal d’Allen Grant, j’avais sûrement, sans m’en rendre compte, amorcé ma période Ford avec la magnifique P68 F3L... Me v’là donc enchainer la Cobra Concept, la GR-1 pour terminer sur la monstrueuse GT90. Suite logique finalement puisque toutes sont intimement liées à l’histoire de l’ovale bleu et de la course auto.
Nous v’là donc revenus en 1995. Ford s’apprête à aborder un tournant stylistique, avec l’entrée dans ce que la marque va appeler le design « New Edge ». On sort du Bio Design, une tendance qui voulait que les dessins, les traits, les matières et les formes s’inspirent de la nature. Ca ne frustrait pas l’oeil, mais ça n’avait rien de dynamique… c’était même plutôt « passe partout ». Avec le New Edge, Ford décide de rajouter des arêtes vives et saillantes à toutes ces courbes rondes et fluides. Sur la route, la première à en être la digne représentante, sera la Ka qui sera suivie par la Focus. Mais nous n’en sommes pas encore là. Il faut annoncer la rupture, la sortie de ce dégoulinant bio design, et pour ce faire, quoi de mieux qu’un concept car… qui va violer la rétine de tous ceux qui vont croiser sa route !
La GT90 se veut être la descendante de la GT40… par contre, n’y cherchez aucun rapport au niveau du nom. Quand la GT40 se servait de sa hauteur pour en faire son patronyme (40 pouces de haut), la GT90 n’était autre que la GT des 90’s ! Peu inspiré au service marketing… même si entre nous, on s’en fout un peu puisque l’essentiel est ailleurs. Et niveau inspiration, les ingénieurs, eux, étaient au taquet !
La GT90 a été développée secrètement en 6 mois. Et pour donner un coup de pouce aux ingénieurs chargés du projet, la base du châssis ne fut autre que celui de la Jaguar XJ220, puisque la marque faisait encore partie du groupe Ford. Du coup, elle repose sur une structure monocoque en alu extrudé (Nid d’abeilles) habillée de panneaux en carbone. La suspension est à double triangulation avec des amortos de chez Bilstein. Comme sa cousine anglais, elle s’appuie sur un fond plat séparé par un tunnel aérodynamique qui permet de créer un effet de sol et scotcher la caisse au sol. En 95, ça commençait déjà fort… mais ce n’est que le début.
La GT90 offre une gueule qui vient alors perturber tous les codes auxquels on avait l’habitude. Il y a eu un avant et un après GT90 ! Les courbes se marient à des formes géométriques raides et tirées au cordeau. De la GT40, elle en a peut être les écrou de jantes ! Pour le reste, c’est une vaisseau spatial ou un bombardier furtif ! Le cul est monstrueux, large, musclé. L’habitacle se cache sous une bulle en verre. Les portes sont massives et se terminent sur 2 larges prises d’air qui surplombent les larges ailes arrière. Enfin l’avant est dans le prolongement du pare brise. Le capot largement aéré, plonge sur une gueule béante qui semble vouloir avaler l’asphalte. De chaque côtés, les petits phares lui donnent un regarde de prédateur à l’affut. On est sidéré par la simplicité des lignes, le contraste entre les arrondis et les arêtes. Surtout dans cette robe blanche qui la ferait presque passer pour un ange… Mais un ange tout droit venu des enfers !
Et le code stylistique se prolonge dans l’habitacle… C’est soit rond, soit triangulaire. La sellerie, le tableau de bord, les panneaux de portes, tout est bleu (Celui du logo Ford) avec un subtil ménage de matières nobles. Les compteurs circulaires viennent prendre place sur la colonne comme sur une moto. La console centrale fait elle confiance au carbone noir vernis, ponctuée de commodos ronds en alu poli. Enfin, le levier de vitesse et sa tringlerie sont laissés en alu brut apparent, tout comme les deux tubes qui se terminent sur un accoudoir en alu lui aussi et qui viennent séparer le pilote et son passager. Là encore, c’est futuriste à souhait…
Enfin, l’essentiel se trouve derrière, un V12 48 soupapes de 6.0l qui se fait souffler dans les bronches par 4 turbos Garrett T2. Le gazier balance 720ch et 895Nm aux roues arrière via un boite 5 manuelle développé par Ricardo et FF Developments. Pour l’anecdote, l’échappement dégageait tellement de chaleur qu’il faisait fondre la caisse. Les ingénieurs ont du le faire réaliser en céramique et l’isoler par des tuiles thermo-isolantes, les mêmes qu’utilisait la NASA sur le museau de ses navettes spatiales !
Au niveau perfs, Ford revendiquait 407 km/h, et la GT90 était capable de pulvériser le 0 à 100 en 3,1 secondes et de passer la borne des 400m 7 secondes plus tard ! De quoi faire d’elle la supercar la plus rapide de l’époque… devant la McLaren F1. Oui, en 1995, elle affichait des perfs de Bugatti Veyron !
Mais voilà, tout ça c’était sans compter sur une fiabilité inconnue, une conception aléatoire, sans compter sur les calories que laissait échapper le V12 ainsi que la difficulté qu’avait le châssis à encaisser les charges. D’ailleurs les quelques tours de roues réalisés, étaient faits avec les turbos débrayés !
Nécessitant une mise au point longue et excessivement couteuse (Le concept et son « développement » avaient déjà englouti plus de 3 millions de $ en 6 mois), Ford préféra stopper l’hémorragie. Puis la marque voulait un concept car qui envoie du lourd et fasse le buzz, le pari était largement gagné… la voie était toute tracée pour les Ka et Focus. Ah ouais je sais, d’un coup, on tombe de haut !
M’enfin aujourd’hui, le seul moyen de profiter de la Ford GT90, c’est en miniature et dans les jeux vidéos… C’est déjà ça !
je mets un gros rire parce que j’y pensais récemment, et je me disais « tiens un ptit article »… bah ça attendra ahahah 😉 Bises mon Ti Ti
Connu grace a Need For Speed, voiture encore d’actualité niveau design… Tellement belle !!
Ah les souvenirs de Need For Speed 2, avec la Ford Indigo aussi…
Bref, pas merci!
Maintenant j’me sens vieux!
Idem!
Elle aurait pu faire carrière ….
Je l’ai en miniature 1/18 depuis 97.. Un vrai ovni
Heureusement, elle est moche
Pareil
Que de souvenir de re-tomber sur ton article ! Cette caisse ma fait rêver avec Need For Speed….. que de bon souvenir !