Le problème des réseaux sociaux, c’est qu’on voit défiler les photos, on essaye de deviner, d’imaginer, mais ça s’arrête là ! Cette Toyota Mark II (Appelez la aussi Corona Mark II ou Cressida) a fait 200 fois le tour du monde… en image. mais pour savoir c’qu’il y a exactement dessus pour aller un peu plus loin que de regarder des images, il faut que vous veniez avec moi !

'79 Toyota Corona Mark II V12... Go kiwi go ! 1

A la base, la Corona Mark II a vu le jour en 68. Une berline compacte de milieu de gamme avec pour ambition principale de transporter ses passagers d’un point A à un point B. La gamme va rapidement se compléter d’un pick up, d’un break et d’un coupé. Il faut reconnaitre qu’avec le temps, ces japonaises des 60’s et 70’s ont vu leur originalité se transformer en personnalité.

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A partir de 1976 elle va s’appeler Cressida, du moins pour les modèles qui sortiront de l’archipel nippon. L’année suivante, une Cressida quelque peu retouchée et virilisée vient compléter la gamme. Elle est baptisée Chaser et vient se positionner en face d’une berline concurrente, la Nissan Skyline. Enfin, celle qui vient poser ses roues sur votre site préféré (mais oui, dites le !), c’est donc officiellement une Cressida de 79.

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Et justement, en Nouvelle Zélande (Comme dans de nombreux autres pays d’ailleurs) ils n’ont pas la même vision de la caisse que du côté de l’Europe. Là bas, quand ils ont un budget conséquent, plutôt que de s’offrir une caisse de footballeur avec le simple but d’afficher leur patrimoine motorisé aux yeux de tous et ainsi, combler un complexe d’infériorité et un déficit de personnalité, ils préfèrent se faire plaisir en s’achetant LA caisse qui leur faisait de l’oeil depuis des années, pour en faire un sleeper qui cacherait un missile sol-sol.

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Autant être clair, quand on imagine le budget englouti par cette Toyota Mark II, il n’y a absolument aucune logique, aucune cohérence, aucune spéculation, aucune recherche d’authenticité. Juste un gars, Nathan, qui s’est fait plaisir en transformant SA caisse en celle qu’il a voulue juste parce qu’elle le faisait kiffer ! Ouais, une notion de 75% des petrolheads européens ont du mal à comprendre (Les 25% restants sont abonnés à DLEDMV !). Sachant que pour Nathan, la caisse qui le faisait vibrer depuis tout petit, c’était la Toyota Cressida… Cherchez pas à comprendre, j’ai essayé, ça s’est soldé par deux hémorragies nasales, alors j’ai abandonné !

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Enfin avant de craquer pour la Toyota, il roulait en Skyline R32, une GTS-T d’abord, puis quelques GTR ensuite, dont ne méchante passée entre les mains de Trust / GReedy. Puis un jour, alors qu’il déambulait au volant de Godzilla, il aperçoit une caisse au milieu d’un champ, tranquillement en train de rouiller sous un arbre. Une Cressida qu’il va récupérer, remettre en route, y greffer deux bricoles et… revendre aussitôt. Et c’est là que les choses sérieuses vont commencer…!

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Nathan a repéré une autre Toyota, une Cressida marron métal ce coup ci, juste à 30 minutes de chez lui. Il commence par réaliser une simulation gratuite de crédit auto, accepte, signe la paperasse et récupère sa nouvelle voiture. 18 mois plus tard, la berline japonaise était posée sur des suspat’ réglables, chaussée avec des SSR Longchamp XR-4 et shootée au 1UZ-FE… oui, le V8 de 4.0l qu’on retrouve notamment sur les Lexus 400 mais monté ici, associé à une boite 5 manuelle. Autant dire ça commençait bien. Mais une fois encore, au bout de quelques mois, il la revend !

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La vie reprend son cours, normalement, simplement, jusqu’au jour où on le contacte pour lui parler dà nouveau de Toyota, mais cette fois-ci, de Corona Mark II… une vraie, celle qu’il considère comme sa licorne (non non, cherchez pas !) puisque pure JDM importée du Japon. On ne lui propose pas une, mais deux voitures ! La première est swappée avec un 1JZ-GTE. La seconde est bien plus modeste puisque 100% d’origine, avec un M-EU sous le capot, le 6 cylindres 2.0l SOHC de… 90 ch puisque bridé par toutes les nouvelles normes qui débarquaient dans les 70’s. Sauf qu’elle est en piteux état puisque la rouille a commencer à la dévorer et elle n’a plus d’habitacle. Nathan attèle la remorque au cul de sa voiture et part donc chercher… sa licorne, celle avec le 2.0l. Sur la route du retour, pensez bien qu’il est déjà en train d’imaginer son futur projet qui tournerait autour d’un autre V8, le 3UZ-FE de 4.3l (Lexus 430) mais ce coup ci, gavé aux ITB.

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La caisse a été d’abord entièrement refaite à l’origine avant d’être habillée d’un profond Forest Green, une teinte proposée au nuancier de la Mark II. A l’intérieur, on retrouve un habitacle complet de Cressida. Il est juste flambant, avec ses siège et sa banquette digne du salon de mémé, tendus de velours avec le volant bois et la moquette verte. Là encore, Nathan a respecté l’original, d’autant plus que l’équipement d’époque était déjà complet avec vitres élec, clim, fermeture centralisée…

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Alors qu’il est à la recherche de son futur V8, Nathan tombe sur l’annonce d’un V12… un 1GZ-FE, le gazier de 5.0l qui anime la grosse, luxueuse et totalement décalée Toyota Century. Il n’en faut pas plus pour lui donner des idées de swap ! Mais le bloc est encore au Japon, n’est pas donné et les frais de transport sont dignes d’une visite chez un proctologue ! Notre homme garde la tête froide et un oeil sur le V12… de toute façon la restauration n’est pas encore terminée. Quelques semaines plus tard, il se retrouve à fêter ses 10 ans de mariage avec sa femme Amie. En guise de cadeau, elle lui tend un feuille de papier. C’est la facture du V12 avec le transport sur laquelle il y a écrit « Payé ». Forcément, il a un peu l’air con avec sa boite de chocolats… mais le projet peut continuer et il va désormais envoyer du lourd !

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Le temps de voir arriver le gros morceau d’alliage, la voiture était quasiment terminée, prête à accueillir son hôte, même si, vue le gabarit de la cathédrale, Nathan savait bien que la tâche allait être plutôt compliquée. Grosso modo, par rapport au V8 prévu, le V12 affichait 10 cm de plus en largeur, en longueur et en hauteur. D’autant plus qu’il était juste inconcevable pour Nathan de ne pas l’accoupler en boite manuelle.

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Une fois réceptionné, le 1GZ allait d’abord recevoir le volant moteur, l’embrayage et la boite du 1UZ (le V8 de 4.0l… oui faut prendre des notes un peu !), tankée dans une cloche R154, celle de la Supra MK3 qui s’adaptait assez facilement au V12. Elle est accompagné d’un différentiel autobloqu’ emprunté à une Toyota Altezza. Puis malgré les difficultés le bloc finit par trouver sa place entre les ailes avant.

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D’origine, le 1GZ reçoit une admission assez complexe permettant d’optimiser le couple, et de limiter la consommation. Le truc hyper bridé afin de proposer une fiche technique politiquement correcte. Puis entre nous, la Century n’ayant aucune ambition sportive, ça lui convenait très bien. Sauf que Nathan va libérer un peu tout le bazar. Il a trouvé le moyen d’y greffer 12 papillons empruntés à des 4A-GE 20V Silvertop, pour offrir au V12 un admission aussi stylée que performante, alimentée via des trompettes en cuivre du plus bel effet. Fini la liaison électronique d’origine pour laisser place à des papillons mécaniques aussi sonores que fiables, un orchestre « mécarmonique » dirigé par le pied droit du pilote et chantant à travers une ligne sur mesure, débouchant sur un « silencieux » Adrenalin R. La gestion Link G4+ Storm et le faisceau ont été réalisés sur mesure par les spécialistes de Link Engine Management. A l’arrivée, Nathan n’a pas cherché à rentrer dans une course à la puissance qui aurait été absolument inutile et aurait mis à mal les capacité du châssis. Non, tout a été pensé pour rester cohérent. Ainsi le gazier affiche 400 ch mais surtout, un couple de Caterpillar (464Nm) dont la courbe a été lissée pour coupler disponibilité et linéarité du ralenti jusqu’au rupteur.

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Le châssis est maintenu par des coilovers BC Red posés sur platines réglables Cusco S13. Le freinage a été revu et légèrement revu à la hausse. Enfin Nathan a remis des SSR Longchamp XR-4 de 8 et 8,5 x 14′ chaussées en Bridgestone Potenza de 185/60. Donc autant être clair, pas de quoi s’aligner à un time attack. Mais comme Nathan compte rouler régulièrement avec sa Corona Mark II, il a préféré une caisse utilisable sur les routes néo-zélandaises.

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Comme beaucoup de caisses originales, cette Toyota Corona Mark II a fait le tour du web… en photos. Mis à part que les images, c’est cool, mais ça ne raconte pas plus que ce que ça veut montrer. Au moins dorénavant, vous connaitrez tout aussi bien l’histoire de la voiture, que celle de Nathan. Et pour décrassage de tympans en dessous, c’est cadeau !

© nathan_toyotav12 – Photos : The Motorhood via Jaden Martin & Speedhunters via Richard Opie.