La Lancia Aurelia Spider B24, c’est l’expression de la Dolce Vita. Quand les ingénieurs italiens ont réussi à transformer une berline sportive en véritable chef d’oeuvre. Aussi belle que sportive, elle a marqué l’histoire de la marque pour en devenir l’une de ses plus emblématiques. Bienvenue dans le monde des légendes de la route, mais aussi des prix à 7 chiffres !
En France, Lancia, c’est devenu plus qu’un service pièces détachées, entretien et éventuellement accessoires. Oui, si vous comptiez rouler en Chrysler italienne, c’est trop tard. Ou alors, il vous faudra passer commande en Italie, seul pays où elles sont encore disponibles. Si c’est pas malheureux quand on voit ce que cette marque, autrefois comptant comme l’une des plus sportives et luxueuses, est devenue. A un point où on peut se demander comment Fiat a pu autant l’abandonner, limite chier sur ce riche passé et son histoire. Surtout en pleine mode du revival. Lancia offrait un potentiel délirant, ce qui n’a pas empêché les pontes de Fiat de simplement préférer y coller son logo sur le cul des Chrysler européennes… Franchement, on aurait voulu tuer la marque qu’on n’aurait pas pu mieux s’y prendre !
Lancia c’est un palmarès sportif qui rendraient jaloux n’importe quel constructeur. Mille Miglia, Targa Florio, 24h du Mans, la F1, 23 victoires en endurance pour trois titres mondiaux, et le rallye… 73 victoires pour 10 titres mondiaux (record). C’est aussi des sportives emblématiques, Fulvia, Stratos, Delta, 037, Beta, Gamma, Flaminia, Thema, Montecarlo… et bien sûr, celle qui nous intéresse aujourd’hui, l’Aurelia.
Ce n’est pas la première fois qu’elle vient poser ses roues sur DLEDMV… Normalement, le coupé B20 GT n’a plus de secrets pour vous, donc vous devez vous rappeler qu’elle est la première voiture au monde à être équipé d’un V6 ! Et en bonus, je vous avais même dégoté un coupé outlaw, juste dantesque. Si on fera l’impasse sur la berline, je vais aujourd’hui vous présenter la p’tite dernière de la famille Aurelia, la plus envoutante, belle… bref, la plus bandante !
La famille Aurelia est grande mais simple… au fil des années ( sa carrière a duré de 50 à 58) les B10 (berline 1.8 l) et B21 (berline 2.à l) sont devenues B12 (berline 2.3 l). A ses côtés le coupé B20, d’abord en 2.0 l puis en 2.3 l à partir de 53 alors que la 2.0 l devient B22. On note aussi une rare limousine 7 places 2.0 l qui sera proposée en 52 et 53. Mais surtout, la B24 à partir de 1954, le Spider avec son 2.5 l et surtout, les cheveux au vent.
La base est la même, si ce n’est que l’empattement est raccourci de 20 cm. Les lignes sont tracées par un Pinin Farina particulièrement inspiré. Le capot reçoit une prise d’air qui coure sur presque toute sa longueur. Le pare brise très arrondi suit la courbe de l’habitacle à la manière d’une Corvette C1. Par rapport à la berline, la face avant s’est simplifiée, sauf au niveau de la calandre qui coupe le pare choc en deux moustaches. Les portières basses filent vers les ailes qui elles, n’hésitent pas à amplifier leur galbe avant de plonger vers la route. Le cul de termine sur deux feux minuscules ainsi qu’un double pare choc qui reprend la forme de son homologue avant. Les porte-à-faux réduits au maximum, accentuent l’allure tendue et sportive de la belle.
C’est une véritable réussite esthétique. Et ça continue dans l’habitacle, havre de sport et de simplicité. La planche de bord reprend la teinte de la carrosserie. Quelques commutateurs et trois cadrans s’affichent devant le pilote, juste derrière un grand volant trois branches en bois et alu poli. Les sièges sont tendus de cuir et les portes se passent de panneaux, un simple corde sert à les ouvrir. Oubliez également les vitres, en véritable Spider, l’Aurelia se réserve aux purs et durs.
L’esprit est magique, délicieusement compact, vif, court, aux lignes si pures qu’elles en deviennent intemporelles. Ajoutez y le V6 de 2.5 l fort de 118 ch, la boite 4 manu, les 4 roues indépendantes qui offrent un comportement aussi efficace que sain et vous comprendrez que l’Aurelia Spider, qui n’affiche que 1100 kg, devient l’un des icônes sportifs de son époque. 240 Spider sortiront des usines de Turin, 59 en conduite à droite, 181 à gauche. Chacune d’entre elle change de main autour du million de $…
A partir de 56, la voiture va évoluer, le Spider devient moins exclusif et s’appelle désormais Convertible. La prise d’air se fait plus discrète, les pare chocs sont maintenant monoblocs, le pare brise plus traditionnel et les portes s’équipent enfin de panneaux avec poignées et manivelles, puisque les vitres sont aussi de la partie. 512 Convertible trouveront preneurs, malgré des ventes qui ne cessaient de chuter. La carrière de l’Aurelia est derrière elle et chez Lancia on prépare déjà l’arrivée de sa remplaçante, la Flaminia. Mais ceci est une autre histoire.
Il manque un détail à l’article: les 30 derniers exemplaires de la B24s n’ont jamais roulé, car ils se trouvent avec le concept-car Chrysler Norseman dans le paquebot Andrea Doria qui a sombré le 25 juillet 1956 dans l’océan atlantique.
Merci Thierry pour cet article et cet hommage à l’héritage Lancia. Je partage votre point de vue : mes parents ont conduits toutes sortes de Lancia/Autobianchi : A112, Delta, Trévi, Prisma, Thema, Kappa, Y10 et Ypsilon !!
J’ai donc baigné toute mon enfance dans les exploits de la marque au championnat du Monde des Rallyes, la maman qui tenait la concession Lancia près de chez moi avec ses deux fils me donnait toujours des goodies Lancia quand je venais avec mon père !
Je ne peux donc qu’aller dans votre sens sur l’avenir de Lancia, je pense que FIAT a tué Lancia pour ne pas faire d’ombre à Alfa Romeo car les deux marques avaient des produits similaires qui risquaient de se faire concurrence au sein du groupe.
Alors on a cantonné Lancia dans les années 2000 à un produit de « luxe » genre DS avec Citroën, mais ça n’a pas marché car les voitures n’avaient aucun charme. Premier clou dans le cercueil…
Puis avec le rapprochement avec Chrysler, Marchionne s’est dit qu’ils pourraient écouler des Chrysler sur notre vieux continent en les rebadgant Lancia, sans aucun respect pour l’histoire et les gènes de la marque. Deuxième clou dans le cercueil…
Sauf à ce que Stellantis remette à plat une nouvelle gamme jeune et sportive (même en hybride ou électrique), je pense que Lancia est amenée à disparaître dans les toutes prochaines années…
Je rêverai d’un revival de l’A112 en électrique (en version Abarth !!) à la façon de ce qu’a fait Honda avec sa Honda E. C’est sûr que çà ne remplacerait pas une Delta Evo mais çà pourrait raviver la flamme…