Depuis sa création par Jean Rédélé en 55, le sport auto est dans l’ADN d’Alpine. La marque tricolore affiche aujourd’hui un palmarès aussi riche sur circuit qu’en rallye, même si celle par qui tout va vraiment commencer à partir de 1962 reste la Berlinette Alpine A110. Avant elle, Alpine était une marque capable de gagner des courses… après elle, elle devenait capable de gagner des titres ! Rien d’étonnant de voir que 55 ans plus tard, sa descendante allait reprendre les bonnes habitudes…

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Il faudrait un livre pour raconter l’histoire d’Alpine… et autre pour parler de celle de l’A110. Quand Jean Rédélé, alors plus jeune concessionnaire Renault de France, a commencé à bidouiller sa 4CV pour l’engager, il ne se doutait probablement pas que celles qu’il allait baptiser Alpine – en hommage aux routes des Alpes sur lesquelles il allait obtenir ses meilleurs résultats – allaient devenir une des références tricolores du sport auto. De préparateur, il va devenir constructeur et les liens qu’il va tisser avec Renault vont pousser le constructeur à devenir majoritaire à partir de 73 afin de faire d’Alpine sa marque sportive.

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Même si Alpine était déjà abonnée aux titres nationaux en rallye, les moyens mis en place par Renault vont lui permettre d’aller viser plus haut pour récolter le titre mondial des constructeurs en rallye dès 1973, suivi l’année suivante par celui européen des sport protos en 2.0 l avant d’aller rafler en 78 la victoire aux 24h du Mans, alors que Jean Rédélé qui n’a plus vraiment son mot à dire, décide de quitter la marque qu’il a créé. Mais contrairement à l’adage populaire, les victoires ne font pas forcément vendre les voitures… ajoutez y aussi des erreurs de stratégie, et en 95, Alpine est sacrifiée sur l’autel de la rentabilité au profit de Renault Sport.

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Il faudra attendre 2012 et les 50 ans de la marque pour qu’à l’occasion du Grand Prix de Monaco on puisse voir débarquer, à l’initiative d’un certain Carlos Tavares, le proto A110-50 en présence d’Alain Prost et de Jean Ragnotti. Un évènement qui annonce surtout le retour d’Alpine aux affaires ! Quelques mois plus tard, Carlos Ghosn confirme l’arrivée d’une nouvelle voiture pour 2016, mais aussi l’engagement d’Alpine en LMP2 afin de participer aux 24h du Mans et en European Le Mans Series. En 2016, les promesses sont tenues avec le concept Alpine Vision qui donnera naissance l’année suivante au revival de l’A110.

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Forcément avec un tel pedigree à porter, Alpine ne pouvait pas rester exclusivement en endurance. En 2017, la marque lance sa formule monotype avec l’A110 Cup. En 2018, c’est au tour de l’A110 GT4 d’entrer en compet’ avec le GT4 European Series. Mais la fête n’est pas finie puisqu’en 2019, l’A110 fait son retour en rallye en RGT et en guise de bouquet final, Renault F1 Team devient, à partir de 2021, Alpine F1 Team ! Celle qui nous intéresse aujourd’hui, c’est la GT4. Et pas n’importe laquelle, celle du team CMR engagée au championnat de France GT4 aux mains de Nicolas Prost et de Rudy Servol que Joris Clerc et Aurélien Vialatte ont eu l’occasion de shooter pour Vulcan sur le circuit du pôle mécanique d’Alès.

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Développée en collaboration avec Signatech, l’A110 une fois passée en mode course, partage le châssis alu, la caisse et les trains roulants à double triangulation de la version route. Tout le reste a été revu avec une suspension spécifique réglable où il a fallu bien entendu changer d’amortisseurs, revoir les ressorts et adapter un freinage signé Brembo (6 pistons à l’avant et 4  à l’arrière) avec ABS Bosch Motorsport, des jantes en 9 et 10 x 18″, un habitacle aux normes FIA (arceau, baquet, harnais…) et toujours le 4 cylindres 1.8 l turbo qui développe ici entre 330 et 360 ch en fonction de la BoP (Balance of Performance) imposée par SRO Motorsports et qui permet une tolérance dans le rapport poids / puissance afin d’équilibrer les performances entre les différentes voitures engagées. Ensuite, chaque team peut y apporter ses propres réglages afin de peaufiner et d’adapter le comportement en fonction des attentes des pilotes et des spécificités du tracé. Bien entendu, le kit aéro est de la partie et quelques éléments en carbone permettent d’alléger et d’optimiser la répartition des masses, sachant qu’au total, elle ne dépassera pas les 1080 kg.

Bon, avec tout ça, on ne peut pas reprocher à Alpine de ne pas avoir fait d’efforts pour revenir sur le devant de la scène, et de donner une véritable légitimité sportive à sa berlinette moderne qui, entre nous, reste une sportive totalement envoutante et aussi performante qu’efficace. Ne lui manque qu’une boite manu et un vrai frein à main… mais je ne vais pas y revenir, ça a déjà été fait.

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© Aurelien Vialatte et Joris Clerc & Vulcan