Dans les années 50, autant vous dire que les constructeurs suédois n’étaient pas foncièrement réputés pour leur côté fun. Au contraire…! Alors quand Saab a voulu se lancer dans le petit roadster biplace, c’est un peu comme si Zlatan voulait devenir humoriste. En tout cas, ça a donné naissance à la Saab Sonett… et c’est pas une blague !
Bon, va falloir que j’arrondisse les angles, j’vais me mettre à dos tout le club des amateurs de Saab… et de Zlatan ! Mais force est de reconnaitre que niveau pompelup’attitude, Saab n’est pas forcément la marque à laquelle on va penser en premier. Pourtant, dans les rallyes suédois, pendant les années 50 et 60, elles étaient imbattables. En même temps, quand elles sortaient de la route et qu’elles se mangeaient un sapin, c’est l’arbre qui restait sur le carreau pendant que le blockhaus suédois reprenait tranquillement la route ! J’lai lu dans une info auto moto alors c’est qu’ça doit être vrai !
Donc oui, sur leurs terres, dans les épreuves nationales, les Saab et les Volvo étaient souvent imbattables. Et cette réussite, on la doit en partie à l’ingénieur Rolf Mellde. C’est de lui que va venir l’idée de la Sonnet, ou du moins de son concept, une voiture à deux place sans toit. Sauf que quand t’es suédois, ce concept ne fait pas foncièrement partie de l’adn des constructeurs locaux. Il va quand réussir à persuader Saab, qui va lui donner carte blanche pour que le 16 mars 56 soit présenté à Stockholm la Saab 94 Super Sport, plus connue sous le nom de Sonett, en référence à l’expression suédoise « Så nätt den är »… traduit par sa sainteté Google : « C’est comme ça que c’est joli ». On peut appeler ça de l’autopersuasion.
Une propulsion posée sur un châssis alu habillé d’une coque en polyester renforcée par de la fibre de verre et animé par un 3 cylindres deux temps de 748 cm3 pour 57,5 ch. Je ne sais pas comment on dit « Light is right » en suédois (surement un truc du genre fluckergrunder ô repkringuntersleich…!) mais l’engin revendiquait pas plus de 600 kg. Le look était sympathique, sachant que la voiture était avait été développée pour être engagée dans le championnat GT européen en moins de 750 cm3. Mais voilà, le temps de lui donner vie, en 57, le règlement de la catégorie allait être modifié et la Sonett se retrouvait alors hors jeu face à une concurrence plus affutée qu’elle. Avec seulement 6 voitures produites, Saab sifflait déjà la fin du game sans pouvoir mettre une roue dans un championnat en dehors que quelques épreuves nationales isolées.. où elle affichera un potentiel plus que surprenant.
Il faudra attendre presque 10 ans pour voir la Sonett tenter un come back, c’coup ci, à l’initiative de deux passionnés, Björn Karlström, illustrateur aéronautique et automobile, et Walter Kern, ingénieur qui voulait assembler un roadster à partir de composants Saab et d’un trois cylindres deux temps appelé Shrike et fort de 60 ch. En gros, on prend les mêmes et on recommence. Enfin presque puisque finalement, le roadster va devenir coupé et commencer sa carrière avec deux protos, le Catherina en 64 suivi du MFI13 l’année suivante. C’est lui qui évoluera et deviendra Saab 97 ou Sonett II à partir de 66.
28 Saab Sonett II furent d’abord produites suivies de 230 autres voitures l’année suivante. En effet, le petit coupé Saab va connaitre un petit succès d’estime de l’autre côté de l’Atlantique. Engagée en SCCA face aux Austin Healey Sprite et Triumph Spitfire, elle va se permettre de les mettre à l’amande jusqu’à ce que son deux temps ne réponde plus aux normes, obligeant Saab au milieu de l’année 67, de le remplacer par un V4 Ford de 1.5 l de 65 ch, plus moderne et plus puissant, même si pour cela, il aura fallu renforcer tout le train avant.
A ce propos, comme la Sonett I, sa descendante brille par des dimensions plus que réduites, s’appuyant sur un châssis « baignoire » avec arceau intégré et habillé d’une caisse en fibre au dessin particulier. Une face avant taillée en pointe avec un long capot se prolonge sur un habitacle confiné qui se termine avec un hayon en forme de bulle et une poupe verticale qui fait office de coffre. Le pilote a le cul posé quasiment au niveau des roues arrière. Il n’empêche que jusqu’à la fin de sa carrière en 69, 1868 Sonett II tomberont des lignes suédoises. La plupart d’entre elles se vendront sur le marché américain.
Et justement, c’est lui accélèrera l’arrivée de sa remplaçante. Si la Sonett II sait séduire les amateurs de sportives différentes, saluée pour son efficacité, sa puissance et son physique font d’elle la risée des médias encore trop habitués à l’opulence des muscle cars et de leurs énormes V8.
Pour l’année 70, Saab va donc revoir sa copie. Le dessin est signé Sergio Coggiola. Une fois de plus, la Sonett affiche des lignes tendues et affutées sans pour autant tomber dans l’abus de menus XL. Elle reste compacte, avec son habitacle rejeté à l’arrière d’un long capot adoptant pour l’occasion des phares pop-up. Le capot ne bascule plus… la partie centrale noire mat s’ouvre et donne accès au principal. Pour une intervention plus en profondeur, il faut enlever la face avant. Pas c’qu’il y a de plus simple.
Le V4 n’a pas évolué. Le châssis non plus d’ailleurs. L’ancien était une référence, inutile de risquer de gâcher quoi que ce soit. L’habitacle a été légèrement revu, par exemple le levier de vitesses à migré au plancher pour répondre à la demande du marché américain qui va représenter 80% des ventes. Les pare-chocs aussi ont dû répondre aux contraintes d’homologations même si Saab proposait un kit européen pour redonner de grâce aux courbes du coupé. En 71, pour répondre aux normes antipollution, le V4 va voir sa cylindrée grimper de 1.5 l à 1.7 l… sans pour autant gagner le moindre cheval puisque sa puissance reste à 65 ch.
Au début des 70’s, la Saab Sonett III propose des prestations sportives dignes du début des 60’s. Il en faut plus pour voir ses ventes exploser. D’autant plus que les normes devenues encore plus sévères vont avoir raison d’elle en 1974. Elle disparait du catalogue, sans vraiment laisser de traces, même si elle reste le modèle de la famille Sonett le plus vendu avec 8368 voitures assemblées. Comparé aux deux premières versions, on peut parler d’un exploit.
En 2011, sur le stand de Saab au salon de Genève trône le concept PhoeniX. Il s’agit d’un coupé 2+2 de 400 ch censé faire renaitre (d’où son nom) la Sonett. Mais voilà, en proie à des difficultés financières, le projet sera abandonné lors de la dissolution de la marque en 2012.
© Saab & BaT
Encore un grand chapitre de l’histoire Automobile avec un grand « A ». La première est à mon sens la plus réussie , même si la moins vendue et rentable. Les séries 2 et 3 ne font pas évoluer assez le concept en le dévioyant à mon sens en grossissant!!!