Sans VW, Porsche n’aurait peut être jamais vu le jour et vice versa… En effet, Ferdinand Porsche est l’ingénieur qui va imaginer et créer la première VW en 1938… et c’est à partir de cette dernière qu’il va donner naissance à ses propres voitures commercialisées sous son nom 10 ans plus tard. Donc finalement, la Porsche 914, c’est l’enfant légitime des deux constructeurs…
Si l’ADN de Porsche coulait dans les rouages des VW, chaque marque possédait sa propre gamme sur son propre marché. Et si chez VW tout découlait de la plateforme de la Cox, chez Porsche, on développait la 356 qui, de toute façon, découlait aussi de la populaire allemande. Comme quoi, dans le monde automobilistique, la consanguinité technique et mécanique, ça peut avoir du bon !
Sauf qu’à un moment, faut savoir changer l’eau des poissons… ou du moins se renouveler. Chez VW, on doit remplacer le Karmann Ghia qui commence à accuser le poids des années. Chez Porsche, le remplacement de la 356 par la 911 ne se passe pas comme prévu. Plus chère, la nouvelle sportive s’adresse à une clientèle plus fortunée… et la 912 n’a pas rectifiée le tir et risque même de dégrader l’image de la 911. Oui, les Porschistes sont chiants exigeants. Du coup, il faut ajouter au catalogue une voiture moins élitiste mais plus accessible sans pour autant bafouer l’esprit sportif de la marque.
Une fois encore, le salut va venir de l’association des deux marques qui décident de se lancer dans un projet commun mis sous la houlette de Ferdinand Piëch, directeur de la recherche et du développement de Porsche et petit-fils de Ferdinand, dans le but de développer une sportive économique afin de toucher une large clientèle.
Le 1er mars 68, le premier proto pose ses roues sur la route. Fin avril, Porsche et VW s’associent à parts égales dans la VW Porsche Vertriebgesellschaft GmbH afin de mettre en place un réseau de distribution commun. Le 11 septembre 69, le salon de Francfort voit le lancement officiel de la 914 quelques jours après que la production ait démarré chez Karmann.
Le look de la 914 rompt avec celui de la 356 ou de la 911. C’est volontaire. Le cahier des charge imposait un style détaché de toute affiliation que ce soit avec Porsche ou avec VW. En gros elle se devait d’avoir son propre style et son propre caractère. Le dessin a été confié à un bureau de style contemporain spécialisé dans le design de meubles… on comprend pourquoi la 914 affiche un trait plutôt simple et rectiligne. Basse, large, plate, compacte, on comprend bien qu’elle n’est pas venue pour cueillir des marguerites ! Les pop-up lui donnent un avant plongeant sur un pare-choc massif et chromé, un trait repris sur son homologue arrière. L’habitacle est au centre, offrant un profil quasiment quasi symétrique. Quoiqu’il en soit, elle reprend les codes de la fin des 60’s et finalement presque 60 ans plus tard, sa simplicité lui a permis de limiter traverser les générations sans prendre trop de rides.
Dans l’habitacle c’est pareil. Stricte deux places, la 914 pouvait recevoir en option une ceinture entre les deux sièges afin d’y installer un enfant. Mais la pub était pourtant claire : « A la place de deux enfants qui pleurent, nous vous offrons 6 cylindres qui rugissent »… dont acte ! Il n’empêche que la finition est rigoureuse et l’ensemble solide. Qui plus est, le pilote est assis au plus bas, de quoi mettre dans l’ambiance.
Techniquement, la 914 reçoit son moteur à l’arrière. Mais au lieu de le porter en sac à dos comme des frangines, il est placé entre les sièges et les roues, un bon central arrière qui offre un comportement efficace et agile. Le châssis est dédicacé par Porsche alors que le moteur à injection est signé VW, puisqu’il s’agit du Flat 4 aircooled d’1.7 l pour… 80 ch. Porsche va quand même y greffer le Flat 6 de 2.0 l avec 110 ch. Même si la 914 reste sous la tonne (entre 900 et 950 kg selon les versions), sur le papier, elle se positionne plus comme une roadster rapide que comme une véritable sportive… d’autant plus sur le 4 cylindres qui n’est pas adepte des hauts régimes.
En 72 Porsche va rectifier le tir. Le Flat 6 est abandonné au profit d’un Flat 4 2.0 l qui n’est autre qu’un 1.7 l revu et corrigé par les ingénieurs de Zuffenhausen. L’alésage est augmenté, un nouveau vilo rallonge la course et les culasses sont enfin équipées pour partir à la chasse à la zone rouge. Avec 100 ch, et un couple identique au 6 en ligne, les perfs sont du même niveau avec un 0 à 100 en 10,5 et le kilomètre en 31,5 secondes. La Vmax se calant à 195. Plutôt pas mal pour 100 ch !
C’est l’une d’elle qui défile sous vos yeux. Une Porsche 914 2.0 l vendue neuve en France par Sonauto en septembre 73 (millésime 74) avec historique complète, dont le Flat 4 est passée récemment entre les mains expertes de l’équipe de Moreno Auto VHC. Elle affiche tout juste un peu plus de 120000 km et vêtue d’une robe jaune Saturne. En y étant, ils en ont profité pour refaire tous les freins et checker le Flat 4 qui, lors d’une restauration en 2006, a troqué son injection capricieuse contre des double corps EMPI plus généreux avant de recevoir un arbre à cames Schleicher plus viril. Il respire la santé et la voiture est irréprochable. Un vrai collector puisqu’il ne faut pas oublier que la 914 2.0 l n’a été assemblée qu’à 35522 exemplaires, dont les 2/3 ont traversé l’Atlantique.
Pourtant en 72, les porschistes n’en ont presque pas voulu. Le problème de la 914, c’est que sa fiche technique ne donne pas envie. Mais elle a pourtant sa botte secrète… il suffit d’en prendre le volant. Comme je m’amuse souvent à dire, il y a ceux qui arrivent en premier et ceux qui arrivent avec le sourire. La 914, c’est l’outil idéal pour vous filer la banane. Son secret, c’est l’alchimie qu’elle dévoile au fil des bornes. Légère, vive et agile, elle gomme son manque de puissance par ses vitesses de passage et l’équilibre de son châssis. Son comportement est d’une efficacité rare et on se surprend à passer plus fort que certaines sportives qui en ont bien plus sous le capot. Voilà, c’est bien d’avoir des chevaux, mais c’est bien mieux de les faire passer au sol et surtout, qu’ils y restent ! Pour ça, la 914 est un véritable virus qu’il faut juste ne pas sous-estimer et chercher à connaitre. Mais attention au piège, car tous ceux qui y ont gouté on finit par tomber amoureux…!
Enfin si elle fait partie de votre wish list, profitez en. Cette Porsche 914 est à vendre. Et quand on voit la côte qui ne cesse d’exploser, comparées à celle de ses frangines, elles ont encore l’avantage d’être accessibles… mais pour combien de temps ? En tout cas, si elle vous plait, et que vous voulez en savoir un peu plus, laissez nous un message, on fera suivre.