‘Savez à quoi on reconnait qu’on vieillit ? C’est que nos envies et nos gouts changent. On regarde des films de vieux, on écoute de la musique de vieux, bref on d’vient vieux quoi ! Par exemple pour les bagnoles, y’a encore quelques années, j’aurais sacrifié mon royaume pour une F40… Depuis, les années ont passé, et à la tête de ma wish list, j’ai remplacé la fougueuse supercar italienne par cette américaine, la Shelby Daytona !
C’est grave docteur ? ‘Fin bon, dans tous les cas, j’vous rassure, je cherche pas à me soigner. Mais je reconnais que depuis quelques années, ma wish list a plutôt évolué vers des old school plus orientées style et sensations plutôt que vers les perfs absolues. Les F40 et F50 y côtoient Porsche 356 Speedster et 550, ou encore la majestueuse 250 GT California Spyder (Ou la 250 GT SWB… ou une GT Lusso !). Pourquoi ce changement ? La faute à DLEDMV… Avec plus de 3700 articles à mon actif, et même si on connait certaines caisses, on les redécouvre sous un autre angle. Leur histoire, certains détails, certaines anecdotes… Forcément, à force, les préjugés finissent par tomber et tu revois tes prérogatives ! Bon, y’a qu’les – vieux – cons qui n’changent pas d’avis non ?!
En tout cas c’te Shelby Daytona, même si j’la connaissais, j’lai réellement découverte en vous parlant d’elle puis, pour finir en apothéose, en la croisant à plusieurs reprises. A l’origine, Carroll Shelby voulait gagner Le Mans. Pas en tant que pilote, ça il l’avait déjà fait en 59 au volant d’une Aston Martin DBR1 en compagnie de Roy Salvadori. Mais forcé de raccrocher le casque à cause de ses problèmes cardiaques, c’est en constructeur qu’il voulait inscrire une nouvelle fois son nom dans la Sarthe. En 62, il lance sa Cobra. Rapide et bestiale, elle est efficace sur les courses sprint mais son aéro de parpaing la pénalise dès qu’il faut de la vitesse de pointe. En 63, elle termine 7ème au général, derrière six Ferrari aux six premières places. Il faut rectifier le tir.
Pour cela, Shelby va demander à Peter Brock de concevoir une carrosserie fermée et à Bob Negstad d’imaginer un nouvelle suspension plus adaptée aux nouvelles contraintes aéros. Le coup de crayon de Brock va être magistral, tout en muscle, affuté comme un scalpel. On en oublie qu’une Cobra se cache sous ce missile bleu à bandes blanches. En même temps, il n’avait pas trop le choix que de réussir son coup, en face il fallait aller chercher la 250 GTO, aussi belle que performante.
En 64, la Daytona termine 3ème des 12h de Sebring derrière les protos Ferrari qui raflent le podium. Derrière, on retrouve deux Cobra, mais surtout les 250 GTO du team NART. L’écurie texane est fin prête pour l’ouverture de la chasse aux italiennes qui ouvrira en juin du côté du Mans. Même si Ferrari s’adjugent les trois marches du podium, la Shelby Daytona termine 4ème et remporte la classe GT devant une armada de 250 GTO et de Porsche 904. Le contrat est rempli. La saison suivante, la Daytona aura moins de réussite au Mans, ce qui ne l’empêchera pas de ramener à Shelby le titre constructeur au championnat du Monde GT. En 66, Shelby est appelé par Ford pour se charger de la GT40. Le projet Daytona est malheureusement abandonné…
Aujourd’hui, la Shelby Daytona fait partie de ces légendes du sport auto… et des collectionneurs fortunés. La dernière quia changé de main, l’a fait pour plus de 20 millions de $… Ca calme. Le seul malheur de la Daytona, c’est que contrairement à la Cobra, Shelby n’a pas jugé utile d’en faire un version route que q’ainsi, la carrière du coupé s’est limité à six voitures assemblées, et pas une de plus. Enfin… ça c’était avant Superformance.
Attention, avec Superformance, nous ne sommes pas face à un banal constructeur de répliques à la sauce Ikéa, que tu vas assembler dans ton garage avec ton cruciforme. Nan. Superformance LLC – de son vrai nom – a le statut de constructeur avec son usine située en Afrique du Sud, mais aussi un réseau de seize concessionnaires répartis aux États-Unis (10), en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, à Dubai, en Australie et au Japon… rien que ça. Une fois la commande passée, le client choisit son bloc. La voiture est assemblée à Port Elizabeth (où se trouve l’usine en Afrique du Sud) puis embarque pour l’une des seize concessions où elle va recevoir le bloc, la boite et l’arbre de transmission avant d’être livrée.
Au catalogue, on retrouve toutes celles qui ont fait la légende Shelby, Cobra 287 et 429, la GT40 MkII, mais aussi la Corvette Grand Sport ainsi que la S1 Roadster, qui n’est autre qu’une Lotus Super Seven adaptée aux « dimensions d’un pilote américain » comprenne qui pourra (voudra !). Quant au coupé Shelby Daytona, c’était une série limitée de 50 exemplaires… mais bon, c’est toujours mieux que rien (elle veut rien dire c’te phrase, mais je la place quand même !).
Pour en revenir aux répliques, la spécificité de Superformance, c’est l’excellence. Cherchez pas, les voitures sont construites dans la recherche de l’authenticité, à tel point qu’elles sont assemblées sous licence Shelby (GM pour la Corvette) et qu’à peine sortie de l’usine, elles sont numérotées et inscrites au registre d’immatriculation officielle des voitures Shelby. Ce sont elles qui ont été utilisées pour le tournage du film le Mans 66.
La coupé Shelby Daytona se nommait officiellement Superformance CSX 9000. Il était proposé avec une carrosserie en fibre. Mais celui qui voulait absolument se payer l’originale, pouvait cocher l’option carrosserie « full alu » qui venait habiller un châssis tubulaire équipé de 4 roues indépendantes avec double triangulation maintenues par des combinés filetés composés d’amortos Bilstein et de ressorts H&R. Direction assistée directe (2,5 tours), freinage XXL, jantes en 18″ chaussées en 245 et 285. Pour le moteur, la proposition standard s’appuyait sur un V8 small block de 302 ci, stroké en 331 (5,4 l) pour 375 ch, ou d’un Windsor 351 ci, que Roush passait en 427 ci et gavait de quatre carbus Weber 48 pour lui faire cracher plus de 500 ch ! Expirant à travers des collecteurs 4 en 1 revêtus de céramique qui débouchaient sur deux side pipes. Mon Dieu ! Les 554 ch et 800 Nm de couple, doivent hurler à vous glacer le sang, tout en cherchant à constamment transformer les pneus arrière en fondue de gomme !
Accompagné d’une boite 5 manu Tremec TKO 600 et d’un DGL alu et avec seulement 1390 kg sur la balance, il y avait largement de quoi s’amuser et surtout, se faire peur. Sachant que si ça ne vous allait pas, suffisait alors de demander… et de payer. Jantes en 15″, boite 4, V8 429 ci ou bloc Ford Racing… Même l’habitacle peuvait devenir un cockpit 100% compet’. D’ailleurs les Superformance sont éligibles à tous les passeports historiques.
Mais la prouesse des Superformance, c’est qu’elles sont homologuées route ! C’est le cas du missile bleu qui défile devant vos yeux maintenant remplis de lames d’envie (mais siiii, avouez !). Habitacle civilisé, avec cuir, clim et en guise de sono, V8 427 ci glougloutant, on tutoie la perfection avec ce mélange de peur et d’excitation.
Vous avez compris pourquoi j’ai pu faire passer la F40 en deuxième position juste derrière cette Daytona ? Non ? Tant pis, chacun ses gouts de toute façon. Et si je rajoute que pour le prix d’une F40, vous vous payez une Daytona comme celle là (160 000 $)… une GT40 (220000 $) et une Cobra 427 (85000 $)… il vous restera même de la monnaie pour le beau garage / loft qui ira avec ! P’tain, j’viens aussi de me rendre compte qu’en vieillissant, la passion et la raison, ben ça va bien ensemble aussi…
© RideQuality via BaT
c’est magnifique, du même avis a propos des f40. Elle font rêver ces caisses.
Réplique mieux que les originales, qui contribuent aux cotes de ces dernières en permettant de juteuses arnaques aux numéros de châssis dans les grandes ventes internationales aux enchères!!!
Le problème est qu’elles ne sont pas homologuées en France donc même avec ds billets plein les poches c’est peine perdue…