Pour beaucoup oui, la Corvette C7 est la dernière de la lignée puisque depuis deux ans, l’arrivée de la C8 qui signe le passage de son V8 en position centrale arrière, aurait tué l’âme de LA sportive américaine. Du coup, c’te C7 Z06 Final Edition serait donc la dernière vraie Corvette… vaste débat !
Le premier proto de celle qui allait devenir la Corvette a été présenté dans le hall du prestigieux hôtel Waldorf-Astoria situé sur Park Avenue à New York. C’était au début de l’année 53 à l’occasion du salon General Motors Motorama qui, comme son nom l’indique, était consacré exclusivement aux voitures des différentes marques du constructeur de Détroit. Une sorte de démonstration de l’opulence et de la puissance de la GM. Lancé en 1949, les américains en grands sauveurs de l’Europe, avaient besoin d’afficher leur supériorité aux yeux de la planète. Les Avengers de la bagnole, avec du chrome et de la moumoute ! Sauf que cette excroissance reflétant l’égo démesuré des dirigeants de la GM, était surtout un gouffre financier qui allait finalement prendre fin en 61. Enfin, ça marchait aussi de la même façon chez Ford et Chrysler où chacun tentait d’impressionner son concurrent en essayant d’en afficher toujours plus. Plus beau, plus luxueux, plus cher. La bonne époque des Big Three… à ne pas confondre avec les 2Be3 !
Il n’empêche que cette voiture de sport sous forme d’un roadster deux places dessiné en interne par Harley J. Earl, allait rencontrer un tel succès qu’en juin 1953 elle entrait en production. La Corvette C1 était née. Comme de coutume à l’époque, les versions vont s’enchainer et quasiment chaque millésime va avoir sa spécificité stylistique ou mécanique. Si on y rajoute les options, quasiment chaque Corvette qui sortait des lignes de production de Flint dans le Michigan, était différente de celle qui l’avait précédée et celle qui allait lui succéder. En 63, la Corvette se muscle en devenant Sting Ray. C’est aussi l’occasion pour elle de recevoir un toit. Le coupé rejoint donc le roadster.
C3 en 68, C4 en 84, C5 en 97, C6 en 2005 et C7 en 2014 la Corvette devient un vrai missile toujours plus affuté et puissant, qui au fil des générations, n’a rien à envier aux supersportives européennes les plus affutées, si ce n’est son architecture avec son V8 de plus en plus gros posé sur le train avant. D’autant plus que les sportives américaines se coltinent une image de caisses à ligne droite, dont elles peinent à se débarrasser. Car avec le temps elles sont devenues efficaces mais ont su garder ce caractère violent. Prenez l’exemple d’une C6 Z06… menée avec humilité et doigté, elle sait mettre la pression à une allemande ou une italienne, et chasser la trajo avec du grip. Mais ratez vous sur la pédale de droite et vous verrez le cul partir en fumée pour se la jouer salsa du démon ! Efficace et sérieuse, oui… mais sans sacrifier le fun. Faut pas déconner non plus !
C’est ça une sportive américaine. Un monstre qui sait s’adapter à l’humeur de son pilote. Docile, sage, rapide, mais il suffit juste d’aller la provoquer du pied droit pour qu’elle transforme le moindre déplacement en rodéo sauvage et fumant. Et la Corvette C7 ne va pas faire exception à la règle. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle va en profiter pour dépoussiérer le nom de Stingray qui lui est à nouveau associé, avec en « entrée de gamme » le V8 LT1. Ce 6.2 l tout alu adopte l’injection directe et pour l’Europe, une ligne sport (en option aux USA) pour lui faire envoyer 466 ch sur les roues arrière. Si en France beaucoup ne voient les choses que par la puissance, aux States, on préfère le couple… Grosso modo, la puissance ça sert pour la vitesse, le couple pour l’accélération. Et avec 640 Nm y’a déjà de quoi chauffer le bitume.
Ca vous fait rêver ? Attendez ce n’est que l’entrée ! Rapidement on voit débarquer la Z06 dont le LT1 reçoit le renfort d’un compresseur pour devenir LT4, passer à 659 ch pour 881 Nm de couple et même recevoir un Pack Performance Z07 avec freinage carbone céramique signé Brembo et appendices aéros réglables à l’avant et à l’arrière. Et si vous trouvez qu’il en manque un peu, la ZR1 pourra vous combler. Le bloc est toujours le 6.2 l mis à part qu’il s’appelle maintenant LT5 et est dopé à 755 ch pour 968 Nm de couple… autant vous dire que l’arbre de transmission, il doit pas faire son malin !
La révolution « Corvetienne » va avoir lieu le 18 juillet 2019 avec la présentation de la 8ème génération… mais avant cela, il faut croire que la marque voulait marquer le coup en proposant une Final Edition qui marquait la fin de carrière de la C7 mais aussi, celle du V8 à l’avant (enfin ça on le savait pas encore !). Une finition spécifique, proposée aussi bien sur la C7 Stingray (466 ch) que sur la Z06 (659 ch) accompagnées exclusivement de la boite 7 manuelle.
Deux robes au choix, Sebring Orange ou Matrix Grey, en fait un blanc nacré gris comme la Z06 qui défile sous vos yeux. Un habitacle avec sièges sport, du carbone, du cuir Nappa avec surpiqûres et un système de télémétrie embarquée. Au niveau châssis, celui de la Final Edition reçoit les suspensions sport réglables, les freins en carbone céramique et les watts passent au sol par des Michelin Cup. Au niveau de la gueule, c’est bestial… lèvre avant qui flirte avec le bitume, capot bombé carbone apparent, prises d’air latérales avec les badges qui annoncent la couleur, et ce cul surplombé d’un ducktail en mode NASCAR , d’un diffuseur XXL et de ses quatre sorties d’échappement qui n’attendent que de pouvoir hurler et cracher le feu de l’enfer !
Parce que se retrouver au volant de c’te caisse c’est comme s’amuser à allumer et éteindre un bâton de dynamite avec deux doigts. A un moment, l’histoire elle finit toujours pas te péter à la gueule. Entre la poussée, les hurlements du V8 en mode Dolby avec les cheveux au vent, la maitrise du pied droit qui joue avec les nerfs des gommes arrière, où soit ça grippe, soit ça fume, on s’demande pourquoi les mecs cherchent à jouer du chrono avec une Corvette. Parce qu’avec elle, le chrono tu t’en branles. C’est du concentré de sensations où tous tes sens sont mis à rude épreuve. Même ton anus a envie de quitter ton corps ! Alors le gars qui te dis « ouais mais c’est une voiture de ligne droite »… déjà tu te dis qu’il a jamais posé son cul dans un truc comme ça. Puis ensuite, tu te dis qu’heureusement qu’il y a des lignes droites pour pouvoir un peu souffler, car le reste du temps, tu te bats avec le volant comme si t’étais sur le ring en face de Mike Tyson. C’est totalement débile, mais c’est jubilatoire ! Et encore, vous n’avez pas la bande son !
Alors oui, la C8 a peut être sacrifié tout ça… et encore, avant de juger, je demande toujours à essayer puisque l’essentiel, c’est le direct que tu vas prendre un fois derrière le volant. Rappelons juste qu’avant elle, en presque 70 ans de carrière, il y a eu 9 protos de Corvette avec un V8 en position centrale arrière, plus que les générations qui se sont succédées. Ca devait forcément finir par arriver. Puis si elle a gardé le caractère de son ainée, que le V8 soit devant ou derrière, ça doit encore envoyer du lourd. Alors Final Edition pour l’esprit totalement fun et excitant, allez, je laisse le bénéfice du doute. Mais Final Edition pour la machine à sensations qu’est la Corvette, surement pas !
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