Quand Fiat rachète Lancia en 1969, la marque est en pleine réflexion pour remplacer ses spider 850 et 124 Sport. L’histoire aboutira sur deux caisses à moteur central arrière… La première sera la Fiat X1/9. Et la seconde sera une Lancia Beta un peu spéciale… La Montecarlo. Père Motor va vous raconter son histoire.
Mais l’histoire est un peu plus longue que ce que le laisse imaginer cette intro tirée au cordeau ! Les Fiat 850 Sport Spider a débarqué au salon de Genève en 1965. La 124 Sport Spider elle, est entrée en prod’ l’année suivante. La première proposait une architecture de propu’ à moteur arrière et la seconde était elle aussi une propu’, mais avec un moteur à l’avant. Il n’empêche que les deux ont connu une belle carrière, avec plus de 550.000 exemplaires pour la 850 et quasiment 200.000 unités pour la 124.
Mais voilà, sans s’endormir sur ses lauriers, à la fin des 60’s l’état major de Fiat réfléchi sérieusement à celles qui allaient venir les remplacer. Surtout que la nouvelle tendance c’est la traction. D’ailleurs Fiat finalise le développement de la 128, qui sera justement la première traction de la famille, qui elle aussi va connaitre une superbe carrière (Plus de 4 millions de voitures).
Bref, chez Fiat, on se pose pas mal de questions. Traction, propulsion, moteur avant, moteur arrière…? Et encore, quand Fiat se rapproche de Bertone, le centre de style italien leur propose une nouvelle architecture, la propulsion avec moteur central arrière. Plus sportive et offrant une meilleure stabilité sur la route, elle est aussi plus chère à mettre en place. Pourtant, en 64, un ingénieur de chez Fiat avait déjà étudié la chose avec le projet G31 qui n’avait jamais connu aucune suite.
Mis à part que discrètement, Fiat avait demandé à Bertone d’étudier cette nouvelle architecture et au salon de Turin 1969, le centre de style dévoile sa vision avec un concept Autobianchi Runabout. Autobianchi, qui fait partie de la famille Fiat, était la marque « test » du géant italien. Pourtant, malgré ce coup de poker et l’enthousiasme du public, aucune suite n’est donnée et la voiture retourne au fond des ateliers Bertone, tranquillement posée sous une bâche. Et comme souvent, c’est un coup du sort qui va en décider autrement… En 1971, Gianni Agnelli se rend chez Bertone histoire de rendre visite à Marcello Gandini. En visitant l’atelier, il tombe sur le proto Runabout. Séduit par l’engin il valide aussitôt sa mise en production et au salon de Turin de 1972, la Fiat X1/9 trône sur le stand du constructeur. Le moteur central vient de faire son entrée dans la famille Fiat.
Pendant que Bertone finalisait la Runabout, appelé en interne concept X1/9, chez Fiat, on avait demandé à Pininfarina de faire la même chose avec le projet X1/8, censé lui, recevoir un V6 3.0 en position centrale arrière. Fiat y voit surtout l’occasion de relancer la marque Lancia qu’elle vient juste d’acquérir. En juillet 70, Pininfarina dévoile un premier proto… puis un autre l’année suivante. En 72, le projet est rebaptisé X1/20 et Fit change son orientation. Entre temps, la crise pétrolière fait des victimes et plutôt que de s’orienter vers une voiture gourmande en consommation, Fiat préfère opter pour un 4 cylindres à la place du V6.
En 73, alors que la Lancia Stratos débarque sur la route et dans les rallyes, un nouveau proto fait son apparition… Les grandes lignes sont enfin posées. On y reconnait déjà la face avant en plastique noir et le toit ouvrant panoramique. En mai 74, le prototype est finalisé afin d’être exposé sur le stand de Fiat au salon de Turin qui se déroulera fin octobre.
Mais, les dirigeants de Fiat voient en cette nouvelle voiture l’occasion de proposer une version circuit de la Stratos. Et en 1975, à la surprise générale, au salon de Genève, le public découvre le coupé Lancia Beta Montecarlo, un nom qui rend hommage à toutes les victoires de la marque au célèbre rallye.
Dessin tracé à la tronçonneuse, jantes en 13′, rétros profilés, face avant et pare-chocs en plastique noir, le style de la Montecarlo est sportif, compact et élancé. Et c’est pareil dans l’habitacle, même si Lancia a abandonné le luxe du passé au profit de la rentabilité made in Fiat. Il contient tous les clichés de son époque. Il vieillit mal, mais il se fait pardonner avec un ambiance futuriste.
Derrière, on retrouve le tout nouveau 4 cylindres 2.0l double arbre développé par Lampredi. Gavé par un carbu double corps Weber, il chante comme un ténor et développe 120 ch à 6000 trs qu’il envoie aux roues arrière via une originale boite/pont à 5 rapports. Avec seulement 960 kg, elle offre un comportement sportif, efficace et équilibré… sauf que ses perfs sont loin d’égaler ce que laisse imaginer son look. 0 à 100 en 9,3 secondes, 400m en 16,5 et 1000m en 30,2, c’est correct mais sans plus. Un Golf GTi 1.6l en offre presque autant pour deux fois moins cher !
En 78, Lancia cesse la production de sa Beta Montecarlo. Les voitures sont assemblées plus rapidement que ce qu’elles se vendent ! Il faudra 1 an 1/2 le temps d’écouler les stocks et au salon de Genève 1980, on voit débarque la Lancia Montecarlo (Qui a perdu son beta au passage). Une phase deux qui a peu évolué… Allumage électronique, montants arrière vitrés, jantes en 14′, nouvelle calandre, nouveaux rétros et clignos, tabelau de bord redessiné et désormais noir (Plutôt que de s’accorder avec la couleur de la sellerie), sièges réglables en tissu, volant 3 branches… Les retouches sont le signe du changement de décennie. Fini les 70’s, place aux 80’s.
Après avoir vendu 3835 Beta Monte Carlo phase 1, la marque va écouler 1940 phase 2 (Plus 1801 Lancia Scorpion, la version américaine et son 1.8l de 81 ch !). On ne peut pas dire que ce soit un succès commercial. Mis à part qu’elle servira de base aux Montecarlo Turbo Gr.5 qui remportera 3 titres en championnat du Monde avant de déboucher sur la Lancia 037. Comme quoi, il fut un temps où Lancia servait tout simplement de vecteur d’image en se servant du sport auto. A l’époque, ça ne gênait pas Fiat qui voyait une occasion indirecte d’en faire profiter tout le groupe. Les choses ont bien changé…
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