Quand le rallye a basculé du Gr.B au Gr.A, la reine de la discipline allait s’appeler Lancia Delta HF Integrale. Seul un coupé japonais allait troubler les plans de l’italienne avant de réussir à lui piquer le titre… La Toyota Celica GT-Four.
Notre histoire commence en 1990. Alors que Lancia a déjà récolté trois doublés consécutifs pilote / constructeur, Carlos Sainz réussit à leur piquer le titre pilote au volant de sa Toyota Celica GT-Four ST165. Les italiens prennent leur revanche en 91 en repartant avec un nouveau doublé. 92, la nouvelle Celica ST185 entre en jeu et une nouvelle fois, les japonais accrochent le titre pilote. L’histoire est en train de changer. La Delta est vieillissante, la Celica en profite offrant au constructeur japonais le doublé en 93 et 94.
Sauf que l’arroseur est désormais arrosé par un plateau de plus en plus chaud. Escort RS Cosworth, Subaru Impreza 555, Mitsubishi Lancer Evo. Il est donc temps pour Toyota de renouveler la copie. Et ça tombe bien puisque depuis début 94, la nouvelle monture de la Celica GT-Four a débarqué dans les concessions japonaises, la ST205.
Mais, la marque ne veut pas l’engager en WRC si elle n’est pas capable de gagner. Du coup, TTE (La structure sportive européenne) prend la décision de laisser la ST185 courir en Gr.A pour la saison 94 pendant que la nouvelle ST205 fera ses armes et peaufinera son développement en Gr.N. Puis, en 95, c’est elle qui représentera la marque en mondial. Sachant que pour cette nouvelle saison, la FIA a décidé d’imposer une bride au turbo afin d’éviter l’escalade incontrôlable des puissances (N’oubliez pas, on sort de la période Gr.B).
En 95, Toyota a misé sur les deux tableaux… Gr.A sous les couleurs rouge et vert de Castrol et Gr.N en jaune et noir, signé Kärcher (C’est l’une d’entre elles qui se dévoile sous vos yeux, la K-AM 2117). Autant être clair, le succès n’a pas été au rendez-vous. La nouvelle ST205 est moins agile que sa devancière. Puis cette nouvelle bride, a énormément pénalisé le 3S-GTE, le 4 cylindres turbo 16 dans lequel les ingénieurs japonais avaient mis tout leur savoir faire et qui donnait des ailes à la ST185. Avec plus de 300 ch et 520 Nm à 2800 trs (290 et 400 Nm pour la Gr.N) elle est quand même légèrement à la peine et a perdu son avantage par rapport à ses concurrentes. Malgré tout, la Celica est fiable et ses pilotes réguliers. Alors que la marque est en tête au championnat constructeur, en Australie, Toyota revoit la copie, le coupé devient Celica Turbo 4WD (Au lieu de GT-Four) et dès le Tour de Corse, Didier Auriol monte sur la plus haute marche du podium.
Mais, au rallye de Catalogne, tout s’effondre. Surpris par cette soudaine augmentation des performances, la FIA contrôle le moteur de la Celica et TTE se fait alpaguer pour une bride de turbo intelligente mais non conforme. La marque est disqualifiée du championnat mais aussi, en guise de pénalité, on lui retire sa licence pour la saison à venir. Cette mésaventure se transforme alors en règlement de compte entre Toyota et la FIA. Le constructeur parle d’une évolution technique, simple interprétation du règlement et nullement de « triche », affirmant même que la FIA était parfaitement au courant de son développement. Bien entendu, la fédération dément.
Toyota a rapidement tourné la page pour se laver de l’affront. En 96 la ST205 fera le bonheur de quelques teams privés et l’année suivante, c’est la Corolla qui viendra définitivement tourner la page avec un titre constructeur en 99.
Cette ST205, une des trois engagées officiellement en 95, a participé au rallye de Grande Bretagne (16ème au scratch, 5ème de classe), au Catalogne (16ème au scratch et 3ème de classe), au Rallye d’Allemagne (14ème au général et 5ème de classe). Elle aura un souci mécanique en Corse et terminera sa carrière au Portugal (20ème au scratch et 8ème de classe).
25 ans plus tard, la Celica ST205 est toujours liée à cette obscure histoire de bride légale ou pas. Mais au delà de cette image, elle reste aussi une des plus rares (Seulement 3 Gr.N et 5 ou 6 Gr.A) et des plus troublantes, car son potentiel était bel et bien là.
Eric du Custom Race Service l’a bien compris. Cette Gr.N, entièrement révisée, fait partie de son parc proposé à la location… Elle côtoie une Gr.A, ex-Armin Schwartz, en cour de restauration. C’est dire l’étendu des talents et de la réputation d’Eric, mais aussi l’occasion de croiser ces Celica GT-Four aussi rares que légendaires !
© Titi & Candice
Page d’histoire nostalgie, c’est aussi elle qui amène le premier titre de champion du monde WRC à la France avec l’ambulancier de Millau, alias Didier Auriol. Ça sera son seul, contrairement aux Sébastien qui suivront). Faut dire, comme le souligne l’article que le plateau était sacrement relevé dans ces années là, en plus du développement limité.
J’aime beaucoup ton blog.
Merci 😉