Si je vous dis Gr.B, vous allez automatiquement penser à l’Audi Quattro, la 205 T16, la Delta S4, la Ford RS200 ou éventuellement la BX 4TC… Ok, un peu moins celle là ! Pourtant, il y en a une autre dont personne ne pense. Une italienne, avec un cheval cabré au bout du capot. Oui voilà, la Ferrari 308 GTB… Elle débarque en mode Gr.B, en exclue, et en duo ! Alors, on dit merci qui ?!
Avant de démarrer, je tiens quand même à vous faire remarquer l’importance de ce moment solennel ! Attention, on n’est pas chez tata Georgette là… Des Ferrari 308 Gr.B il y en a eu que quatre. Pas une de plus. Et sur ces quatre, j’ai eu l’honneur, le privilège d’en croiser deux, quelques jours avant qu’elles ne prennent le départ pour le Tour Auto 2020. Comprenez par là qu’il n’était pas prévu au programme d’aller chercher une assurance auto pas chère pour aller faire le tour de la région au volant de ces deux divas des spéciales.
En attendant, ce moment privilégié, je le dois à deux personnes… Jérémy Mennechet, pilote talentueux et propriétaire de plusieurs concessions Ferrari (Strasbourg, Mulhouse, Cannes…), ainsi que David Edel, le responsable technique du groupe et lui aussi, pilote… comme au dernier rallye National Centre Alsace où il a terminé 2ème au général sur une Skoda Fabia R5 ! Ah ça calme… Bien entendu, ‘pensez bien que nos deux hommes sont abreuvés à l’essence et respirent la passion auto. Des purs Petrolheads comme on les aime sur DLEDMV.
Et ils ne sont pas les seuls à carburer à l’essence car ce jour là, elles étaient deux à m’attendre. Aussi rares que belles et impressionnantes. Deux monstres du Gr.B… bien que finalement, elles affichent une silhouette plus digne d’un top model que de celle d’une catcheuse prête à aller au combat. C’est d’ailleurs la première chose qui frappe, car la première chose à faire, c’est de virer de sa tête les clichés du Gr.B bien ancré depuis des années. Ah si. Quand on pense Gr.B, on voit de suite des voiture d’apparence banales qui se sont transformées en bêtes enragées. Rambo a enfilé une robe. Déjà en stradale, les Peugeot 205 T16, Audi Quattro, Lancia Delta S4, Ford RS200, BX 4TC, Metro 6R4… étaient bodybuildées et aérées de partout. Mais une fois qu’elles enfilaient le jogging, c’était pire…! Elles devenaient bestiales et laisser à penser qu’elles étaient indomptables si ce n’est pour une poignée de fous qui osaient en prendre le volant ! Eh bien nos deux italiennes ont su garder leur grâce. Oubliez les extensions XXL, les lèvres disgracieuses et les ailerons phalliques. Ici, c’est Ferrari, le sport oui, mais avec classe.
Revenons un peu dans le passé. Depuis 1969, pendant que Ferrari se charge de ses F1, elle a confié le sort de ses GT à Michelotto. De la 365 GTB/4 Daytona aux dernières 488 GTE en passant par les F40 ou encore 333 SP. Bref, chez Michelotto, on sait dompter le cheval, surtout quand il est cabré ! En 78, le préparateur italien reçoit une demande de France. Charles Pozzi, l’importateur officiel, souhaite remplacer sa « vieille » Daytona de compétition par la dernière de née de Maranello, la 308 GTB qu’il souhaiterait engager en Gr.4. Et comme Pozzi croit aussi bien en Michelotto qu’au potentiel de la voiture, il en commande quatre !
Avec son châssis tubulaire et sa caisse en fibre, la berlinette est idéale pour la transformation. Après quelques éléments en Kevlar, la voiture reçoit, pour seules modifications, des passages de roues plus larges afin d’en augmenter le débattement. Basta, pas de quoi gâcher le coup de crayon signé Pininfarina. Au milieu, juste derrière le pilote, le V8 se voyait libéré. Culasse retravaillée, piston haute compression, carter sec avec gros réservoir d’huile, admission, ligne… le bloc passait de 255 à plus de 300 ch qui filaient sur les roues arrière via une boite 5 manuelle à rapports courts aidés par un différentiel à glissement limités, le tout fourni par ZF. Avec 1050 kg sur la balance, la 308 GTB Gr.4 va faire parler la poudre et chanter les soupapes ! A son volant, Jean-Claude Andruet va remporter la Targa Florio et le Tour de France auto à deux reprises. Il grimpera également sur la deuxième marche du podium du Tour de Corse 82, offrant ici le seul et unique podium à une Ferrari au championnat du Monde des rallyes. En tout, onze Ferrari 308 GTB Gr.4 vont sortir des ateliers de Michelotto…
Attendez, ce n’est pas fini… En rallye, la 308 Gr.4 n’est peut être pas au niveau des reines du mondial, mais dans les rallyes nationaux, elle joue les challenger. A tel point qu’elle décroche le titre de vice championne d’Europe des rallyes en 81, toujours domptée par Andruet. Nous v’là donc en 82. Le rallye vit une révolution avec l’arrivée des Gr.B qui vont définitivement remplacer les Gr.4 et Gr.5 dès la saison 83. Forcément, les résultats de la 308 Gr.4 vont donner une idée à l’équipe italienne Pro Motor Sport qui se rapproche de Michelotto et lui demande, j’vous l’donne en mille… de développer une 308 Gr.B.
Pour être homologuée en Gr.B, il faut 200 voiture de route… La Ferrari 308 n’aura donc pas de problème de ce côté là. Ensuite, une fois la base homologuée, il était possible d’en développer une série limitée de 25 exemplaires Evolution, des sortes de caisses de courses en civile, qui n’avaient plus qu’à être débridées, énervées, et lancées dans le grand bain. Mais voilà, ce genre de délire, ça peut le faire chez Lancia, chez Peugeot ou chez Ford, mais chez Ferrari, développer 25 bagnoles hardcore, surtout pour les lancer en rallye, ce n’était pas trop dans les habitudes de la maison… Enzo voulait bien investir, mais pour gagner, pas pour se limiter à faire acte de présence. Maranello pose son veto et du coup, Michelotto va devoir se contenter de développer ses Gr.B à partir de modèles routiers. Sachant qu’entre temps, les 308 ont troqué leurs caisses en fibre contre de l’acier… D’autant plus que le V8 qui a perdu ses 4 double corps Weber pour voir débarquer un injection Bosch K-Jetronic, était monté d’une culasse 32 soupapes. Il a perdu 15 ch dans l’opération…
Trois voitures vont être assemblées. La quatrième sera en fait une Gr.4 de 78 passée aux specs Gr.B pour le championnat d’Espagne. Et parmi les trois vraies Gr.B à être sorties de chez Michelotto, vous en avez deux sous les yeux ! La première à être sortie des ateliers de Padoue (commandée par Pro Motor Sport), c’est celle avec la batterie de longues-portées au bout du capot accompagnée des deux antibrouillards. Pilotée par Jérémy, elle est conforme à sa sortie d’usine. Suspensions sur mesure, freins renforcés, jantes sur mesure en 16″. C’est aussi la seule des quatre a recevoir encore une coque polyester et le V8 injection mais avec seulement 16 soupapes. Cela ne l’empêchera pas de développer la même puissance que ses futures frangines, à savoir 310 ch pour seulement 980 kg. Elle va finir 2ème du championnat d’Italie 1983 grâce à ses victoires au Rallye Valli Imperiesi, aux 12 Heures de Campobello et aux épreuves de Neborid et Proserpina. La même année, elle accroche le titre au championnat de Sicile et elle terminera 3ème de la Targa Florio en 84… excusez du peu. Éligible en historique, on la croise régulièrement, aux mains de Jérémy, dans les épreuves organisée par Peter Auto, comme récemment au Tour Auto, où il était accompagné de Stéphane Ollier.
Sa voisine est tout aussi impressionnante, malgré un parcours un peu plus tourmenté ! C’est la 3ème et dernière officielle Ferrari 308 Gr.B à être sortie de Padoue, elle aussi commandée par le team Pro Motor Sport. Née en coque poly, elle a dû passer en coque acier pour courir en Gr.B. Par contre elle recevait la culasse 32 soupapes. Elle aussi sera championne de Sicile mais en 84, année où elle termine 2ème de la Targa Florio, devant sa sœur jumelle. Malheureusement, elle va être en partie détruite dans un incendie et c’est de sa restauration qu’elle passera en coque polyester et que son V8 passera en carbus. Elle aussi est une habituée des épreuves de Peter Auto. Menée par l’équipage composé de Yann et Vincent Robin elle aura moins de change car victime d’une violente sortie de route. Plus de peur que de mal, l’équipage s’en sort, même si la voiture a bien morflé… ‘Fin rassurez vous, elle sera de retour.
Au niveau de Michelotto, on se rend compte que ces 3 + 1 Ferrari 308 GTB Gr.B ne sont en fait que le prolongement de la Gr.4 mais surtout, le départ d’un programme qui va donner naissance aux méchantes 308 GT/M puis 288 GTO et Evoluzione. Des histoires qu’on vous a déjà racontées… ou qu’on vous racontera plus tard !
© Ti Ti pour DLEDMV avec un grand merci à Ferrari Grand Est
Bonjour,
Tout d’abord, merci beaucoup pour ce superbe article avec des photos magnifiques (les jantes sont des jantes de Gr 4). Vous retranscrivez parfaitement ce que vous ressentez devant ces voitures.
Je suis passionné de Ferrari 308 Gr B et Gr 4 et je les connais bien.
J’aimerais cependant apporter quelques précisions sur le nombre de Ferrari 308 Gr B et Gr 4 produites.
De sources sûres : il y a eu 10 Gr 4 et 8 Gr B
Concernant les Gr B il y a eu :
5 en 2 Soupapes
3 en 4 Soupapes
Liste ci-dessous :
n° de chassis année de construction groupe propriétaires
___________ _________________ ______ __________
20951 01/1978 4 Michelotto Grosoli Pozzi Uderzo
19051 05/1980 4 Grosoli Venturato Jolly club Giordano Promotorsport
19913 09/1980 4 Liviero Menes Promotorsport
26713 04/1981 4 Pozzi Marin
21071 02/1982 4 Pozzi Setton Durelli
20373 04/1982 4/mulet Pozzi Panic
31559 07/1982 4 Gge Francorchamps Koel
8380(n°gt4) 01/1983 4 Wide World Cars (USA.New-York) retour France
31135 02/1983 4 Pozzi Domet Daverat Entremont
18869 02/1983 B 2s Promotorsport Giuliani Comte Fontbelle ? Menechet
18971 05/1983 B 2s Promotorsport Giuliani Domet Driot Robin
22409 08/1983 B 4s Promotorsport
18905 08/1983 4 Cobra Racing di La Jolla (USA-Californie)
18847 04/1984 B 4s Promotorsport
21883 01/1985 4 USA ?
Ces voitures ont toutes été construites par Michelotto ,la carrozzeria Cazzola intervenant comme sous-traitant du châssis et de la carrosserie.
A cette liste doivent être ajoutées 4 308 gr B (1 4s et 3 2s ) réalisées en collaboration par Cazzola et la Promotorsport
30525 1985 B 4s Scuderia Citta di Milano Promotorsport Giuliani Barale Maurel
24751 1984 B 2s Promotorsport Durelli Bailly Pages Fontbelle
Pour les 2 restantes, il y a toujours une recherche d’information.
18971 a été totalement détruite en période… et « reconstruite » par Domet.. .autour d’une boite de vitesse…
il ne reste rien de la voiture de période… juste une identité!