’93 Porsche 964 Turbo S Leichtbau – Le croisement d’une Turbo et d’une RS ! !
par Thierry Houzé | 22 juillet 2021 | Street |
Il fut un temps, dans la famille 964, vous aviez deux écoles. Celle des Turbo, des GT shootées à l’escargot avec clim et cuir, et à l’opposé on retrouvait la Carrera RS, atmo affutée et allégée prête pour aller chasser la trajo sur un circuit. Imaginez si Porsche avait mélangé les deux… ça aurait pu donner la Porsche 964 Turbo S Leichtbau, sorte de Carrera RS Turbo !
Des 964 Turbo S Leichtbau, Porsche n’en a assemblé seulement 86, dont 11 avec le volant à droite. Mais avant d’en arriver à notre pépite, laissez moi poser l’équation. Rassurez vous, elle n’est pas bien compliquée…
Dans le coin rouge on a la 964 Turbo 3.3 l de 320 ch – ou 965 sur le marché français – qui deviendra deux ans plus tard Turbo 3.6 l et qui passera à 360 ch. Dans le coin bleu, on a la Carrera RS et son Flat 6 atmosphérique de 3.6 l pour 260 ch. Vous m’direz qu’avec 100 ch d’écart, y’a de quoi transformer un tromblon en missile… mais quand la Turbo affiche du luxe et presque 1,5 tonnes, la RS se contente de l’essentiel et revendique seulement 1350 kg. D’autant plus qu’elle est affutée comme un scalpel et forte d’un caractère plus qu’énervé !
En 93 Porsche shoote sa ballerine en lui greffant un Flat 6 atmo de 3.8 l qui développe maintenant 300 ch tout en réussissant à lui faire perdre encore un peu de poids. La Carrera RS 3.8 (qui n’est autre qu’une version « civilisée » de la RSR de compet’) devient une véritable ventouse à bitume aussi violente qu’efficace. Le constructeur allemand en produira seulement 90.
Mais comme si cela ne suffisait pas, cette même année, Porsche va tourner la page du 3.3 l Turbo qui s’apprête à passer en 3.6 l Turbo. A l’image d’un feu d’artifice, la marque veut lui offrir un bouquet final, une sorte de voiture de mariage entre les familles Turbo et Atmo qu’elle appellera 3.3 l Turbo S Leichtbau ou construction légère dans la langue de Goethe.
La recette est grosso modo la même que pour la Carrera RS avec un régime draconien qui fait tomber son poids à 1300 kg. Ainsi, la Leichtbau perd ses vitres électriques, sa clim, sa sono, ses sièges épais et sa banquette arrière. En échange, elle gagne un arceau, des baquets Recaro en fibre avec harnais et un extincteur.
Ses portes sont en composite, son aileron est plat (queue de baleine) et de couleur caisse, ses ailes arrière gagnent une prise d’air, ses suspensions sont plus rigides et rabaissées de 40mm, ses jantes Speedline en 18″ sont polies et en trois parties, enfin ses freins prennent du diamètre et les étriers 4 pistons s’habillent en rouge pour mordre des disques percés.
Sous le capot, le Flat 6 aircooled reçoit de nouveaux arbres à cames, une nouvelle admission, un allumage et une injection optimisée pendant que son turbo souffle un peu plus fort. Au final, les roues arrière doivent maintenant composer avec 381 ch et 490 Nm de couple. De quoi envoyer le missile à 100 km/h en 4,6 secondes et de manger le kilomètre en 22,4 avant d’aller faire flirter l’aiguille avec les 300 km/h ! Rappelez vous, nous sommes en 93. A la brutalité du turbo, la Leichtbau associe l’efficacité de la RS. Le meilleur des deux mondes réuni en une seule 911. Pour tenir le rythme qu’elle peut imposer, il faut une F40, une 959 ou une Diablo !
A la fin de l’année 93, la 964 Turbo passe donc en 3.6 l et pousse définitivement le 3.3 l à la retraite près 17 ans de bons et loyaux services sous le capot de Sa Majesté 911. L’année suivante, elle aussi aura droit non pas à une, mais à deux versions Turbo S. Affichant 385 ch (seulement 4 de plus que la Turbo Leichtbau 3.3 l), elles n’auront pas droit au régime RS. La première sera une Turbo normale juste plus puissante pendant que la seconde, limitée à 76 exemplaires, adoptera la face avant plate Flachbau empruntant les phares escamotables de la 928… mais ceci est une autre histoire, que je vous ai déjà racontée !
Quoiqu’il en soit la Porsche 964 Turbo S Leichtbau est probablement LA 964 qui rend dingues les amoureux de la marque et les collectionneurs fortunés… très fortunés ! Si vous espérez en avoir une dans votre garage, lorgnez les ventes aux enchères et avertissez d’abord votre banquier… le ticket d’entrée est à 1 million ! A ce prix là, on peut aussi se trouver une 964 Turbo et lui offrir un stage chez Ruf ou chez Singer. ‘Fin bon, les gouts et les couleurs…
Sacrée pépite, mais pas forcement celle que je prendrai!!!