Pour vous, à quoi ressemblerait le coupé grand tourisme idéal ? Enfin non, j’vous pose pas la question à vous… Mais c’est cette question qui a donné naissance à la Jaguar Pirana en 1967. Et celui qui l’a posée, c’est John Anstey, le rédac’chef du Weekend Telegraph, un magazine anglais. Du coup la réponse, Père Motors va vous la donner…
Donc pour savoir à quoi pourrait ressembler la GT idéale, John Anstey interroge une grosse partie des journalistes auto de la presse britannique. Une fois les réponses récupérées, il obtient une sorte de cahier des charges censé donner une orientation quant au dessin qui devrait donc représenter la Grand Tourisme ultime…
Tout ça c’est bien, mais malheureusement, ça reste de la théorie, ou du moins, des mots posés sur des morceaux de papier. John Anstey en veut plus, et surtout, donner vie à cette GT. Il se rapproche alors des financiers du magazine, commence à leur vendre son projet et réussit à décrocher un budget de 20.000 £.
La prochaine étape va consister à trouver celle qui servira de base au projet. Nous sommes en 67, et justement, la référence des GT est une anglaise, la Jaguar Type E. Anstey et son équipe ne vont pas réfléchir longtemps avant que la sportive anglaise ne s’impose logiquement. Surtout que William Lyons, le boss de Jaguar, a entendu parler de ce projet qui le séduit. Il propose alors à Anstey de lui vendre un ensemble châssis / moteur d’une 2+2, avec le 6 en ligne de 4.2 l pour 265 ch accompagné d’une boite 4 manuelle. Il est posé sur des roues de Type D. Lyons va même jusqu’à proposer de lui apporter, s’il le souhaite, l’expertise technique de ses ingénieurs. L’aventure prend sérieusement forme…
Pour la carrosserie, car c’est bien elle l’essentielle, Anstey va se rapprocher de Bertone, le bureau de style le plus en vogue dans les années 60. Surtout que depuis quelques années, les créations du designer italien ne cessent de marquer les esprits… Lamborghini Miura et Marzal, Alfa GTA et Montreal, Fiat Dino ou encore Iso Griffo. Anstey envoie donc le châssis à Turin chez Bertone qui n’a que 5 mois pour l’habiller, car la voiture doit être présentée au salon de Londres.
Bon, entre nous, chez Bertone, on en s’est pas trop cassé l’cul ! Ils ont pris un chouill’ de Montreal, beaucoup de Marzal (Qui allait devenir la Lamborghini Espada en 68), on a retouché un peu les proportions de quelques centimètres, un beau paquet cadeau avec un gros noeud et les britons n’y verront que du feu ! Et vous savez quoi ? C’est passé comme une princesse sous un tunnel !
L’habitacle est celui de la Type E, si ce n’est qu’à sa présentation, la Pirana n’est qu’une simple 2 places. La console est équipée d’une clim dont l’originalité est de diffuser l’air chaud par le plancher et l’air froid, par des aérations au niveau du toit… Une sono dernier cri (Du moins comme on l’entendait en 67…) est également installée avec radio FM – AM avec lecteur / enregistreur de K7 !
Au London Motor Show, la Jaguar Pirana va faire parler d’elle… En même temps, son style original et futuriste devance celui de l’Espada qui ne sera présentée que quelques mois plus tard. Le coup de pub pour Jaguar et le Weekend Telegraph est réussit même si, une fois les lumières éteintes, la voiture sera vendue à un américain, où elle tombera dans le plus profond anonymat.
Elle refera surface en 2012 à un concours d’élégance sur le circuit de Laguna Seca puis en 2015 dans l’émission de Jay Leno. Elle sera l’une des stars de la vente RM Sotheby’s qui se déroulera à Monterey au mois d’aout… le temps de faire un peu de place dans le garage !
© RM Sotheby’s
De profil elle est bien équilibrée; elle fait penser à l’Iso griffo, de Bertone aussi, ou à la Maserati Ghibli de Ghia; l’avant surtout.
Vue de l’arrière le dessin est lourd, du à l’étroitesse de la structure de la TypeE ; l’intérieur est mieux fini, à vue d’œil, que celui de la E; ( je le sais j’en ai une) . Je ne connaissais pas, William Lyons a sans doute espéré une suite à sa E..