Un roadster anglais avec un V8 de barbare sous le capot… Ca vous rappelle une histoire ? Voilà, l’AC Cobra qui devenait bestiale une fois que Shelby lui faisait traverser l’Atlantique. Sauf que là, on est quand même loin du monstre quasiment indomptable pour le commun des conducteurs. La MGB V8, ce serait plutôt une couleuvre… Même si celle qui débarque, elle a quand même de quoi remuer des fesses !
En fait la règle est plutôt simple. A partir du moment où ça rentre, tu peux à peu près coller n’importe quel moteur dans n’importe quelle caisse. Les ricains ont inventé le swap, et aujourd’hui, chaque pays en a fait sa spécialité… les japonais collent des 2JZ et des RB26 partout, les anglais sont devenus des spécialistes de la greffe de Cosworth et aux States, tout ce qui roule n’est pas à l’abri de se retrouver un jour avec un V8 sous le capot.
Sauf que mettre des watts c’est cool… mais faut il encore que le châssis les encaisse. Et c’est là que la partie devient périlleuse. Car à partir de ce moment, y’a le l’ingénieur consciencieux et l’ingénieur mercenaire aux tendances suicidaires. Le premier essai de faire en sorte que l’ensemble soit cohérent. Châssis renforcé, amortos revus, liaisons retravaillées, freinage plus gros et motricité améliorée… parce que des watts c’est bien, mais les faire passer au sol, c’est mieux.
Et c’est justement là le souci de notre ingénieur mercenaire aux tendances suicidaires. Parce que lui, il met les chevaux, et le reste, bah il s’en tamponne… Si ça passe tant mieux, si ça passe pas, ben le gars qui est derrière le volant il se démerdera.
Sachant que cette vision des choses n’étaient pas exclusivement réservées à des amateurs ingénieux qui bricolaient les nuits de pleine lune au fond d’un garage sombre et brumeux ! Non, même des constructeurs s’y sont mis. Les ricains en ont même fait une spécialité pendant de nombreuses années. De gros V8 bien goulus, capable de ruiner un train de pneus en 30 secondes, montés dans des châssis de tracteurs ! Ah ça faisait peur, mais ça plaisait aux amateurs de sensations fortes et de lignes droites.
C’est cette image qu’on a collée à un paquet de sportives US, des bêtes de lignes droites… en encore, fallait quand même savoir doser au démarrage histoire de ne pas rester sur place dans un nuage de gomme brulée ! Par contre une fois la route devenue sinueuse, y’avait deux solutions… Soit passer en mode petit garçon, soit se la jouer big balls… tout en sachant maitriser l’art du pilotage et du patinage artistique !
Tout ça, c’est c’qui a fait le charme des ricaines… et de cette MGB transformée en une sorte de muscle car élevé au five o’clock ! Ce roadster est sorti d’usine en 77 avec un 4 cylindres 1.8l de 98 ch sous le capot, bien qu’à l’époque, la marque anglaise greffait déjà un V8 à sa Type B. Mais pas de quoi s’exciter, ce bloc était signé Rover, affichait 3,5l pour la puissance faramineuse de… 137 ch ! Un rendement digne d’un gazier agricole.
Sauf que notre poussin allait traverser l’Atlantique pour passer une vie paisible, du moins jusqu’à l’année dernière… où il va changer de main. Ayant besoin d’une bonne cure de remise en forme, son nouveau proprio en a profité pour y coller un peu de piment. En l’occurence, un V8 4.2l piqué à un Range Rover Classic, celui monté sur les dernières générations apparues en 92.
Fort de 200 ch d’origine, il a été entièrement refait par un spécialiste du Michigan, D&D Fabrications qui l’a équipé de nouveaux arbres à cames Comp Cams Xtreme Energy, d’un filtre à air Offenhauser et d’une ligne inox. Il gagne une dizaine de chevaux qui déboulent sur les roues arrière via une boite 5 manuelle World Class T5 avec rapports courts équipée d’un embrayage renforcé McLeod pendant que l’arbre de transmission et le pont arrière eux aussi revus par l’équipe de D&D Fabrications.
Aux quatre coins, des jantes Minator en 15′, chaussées en Dunlop Direzza DZ101. La caisse a été refaite. une lèvre inférieure équipe l’avant avant, et si ce n’est ses vilains pare chocs noirs imposés par les normes américaines, elle est désormais habillé en Sandglow yellow.
Au niveau du châssis, les silent blocs sont en polyuréthane, les durites passent en avia’, tout le reste a été rénové en fonction de la config’ d’origine. C’est pareil dans l’habitacle, si ce n’est que tout est nouveau reluisant, des placages bois à la moquette en passant par la sellerie cuir et les quelques touches de chrome. Les compteurs ont été adaptés aux nouvelles specs mécaniques.
Au final, le petit roadster anglais se retrouve ainsi transformé en engin aussi effrayant qu’envoutant. Plus de 200 ch sur un pont rigide, ça doit s’la jouer rock’n roll… En même temps, une anglaise qui fait du rock aux states, rien de plus normal non ?!
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