Autant j’ai toujours adoré la 456 GT (mais moins la M) , autant j’n’ai jamais vraiment kiffé la Ferrari 612 Scaglietti. Je trouvais qu’elle avait perdu l’équilibre et la grâce de sa devancière. Puis je suis tombé sur celle qui débarque… et je dois reconnaitre qu’entre ses subtiles modifs et sa robe chic mais sobre, elle m’a fait revoir mes aprioris. Comme quoi, y’a que les cons qui ne changent pas d’avis !
La Ferrari 612 Scaglietti reprend une recette qui a vu le jour chez Ferrari en 1948 avec la 166 Inter. C’est avec elle qu’à Maranello on a réussi à convaincre Enzo de rallonger les empattements et de greffer une banquette à l’arrière des GT. Ce n’était pas gagné. Le Commendatore ne voyait les choses que par la course auto, si ce n’est que pour la financer il fallait vendre des voitures. Mais là encore, Enzo ne voulait vendre que des sportives pour qu’elles se retrouvent en compet’. Que voulez vous on n’se refait pas.
Il n’empêche qu’avec la 166 Inter, les sportives italiennes devenaient aussi des GT. Enfin, pour le moment, de manière anecdotique. En effet, la transformation ne se faisait que sur demande, et bien sûr, en échange d’un bon gros paquet de Lires.
C’est seulement en 59 avec la 250 GT 2+2 que Ferrari va se mettre enfin et de manière officielle et continue à proposer une « familiale » ! Plus de 60 ans qui ont vu passer les 330 GT 2+2, 365 GT 2+2, 365 GTC/4, 308 GT4, 400i, Mondial… ou plus récemment les FF, GTC4 Lusso ou encore le Purosangue.
La 612 Scaglietti voit le jour en 2004, elle signe l’entrée des GT 2+2 dans le nouveau millénaire et offre un hommage au célèbre carrossier italien. C’est sous le crayon de Sergio Scaglietti que sont nées les 250 Testa Rossa, Daytona, 250 GT California Spyder et GT Lusso, Testarossa, 288 GTO, 308, F40, Dino 246 GT ou encore la sculpturale 250 GTO.
Le dessin, signé Pininfarina rompt avec la tradition, mais 20 ans plus tard, on se rend compte qu’il est bien plus technique et travaillé qu’il n’y paraissait à sa sortie. Il lance aussi la nouvelle génération d’italiennes et ouvre le bal aux F430 et 599 GTB. L’empattement est adapté au besoin de l’habitacle. Le nez est plongeant, le regard perçant, les flancs travaillés et creusés. Le style est dicté par les contraintes aéros. Sous le long capot, le V12 de 5.7 l est reculé au maximum pour se retrouver entre le train avant et le tableau de bord. Ce bijou a été repris de la 575M si ce n’est que l’admission et l’échappement ont été revus pour lui faire cracher 540 ch et 588 nm de couple perchés respectivement à 7250 et 5250 trs/min. Vous aurez compris qu’ici on préfère miser sur le caractère plutôt que le punch d’un V8 AMG !
En tout cas, ça n’empêche pas la grosse GT italienne de shooter le 0 à 100 en 4,2 secondes et de passer la barre kilométrique 18 secondes plus tard avant de filer à 320 km/h. Malgré son châssis 100% alu, elle affiche plus de 1900 kg sur la balance. On aurait pu alors voir la Scaglietti comme une enclume, même si depuis, on a vu que les ingénieurs sont largement de négocier avec les lois de la physique. C’est le cas de la 612. Double triangulation à l’avant et à l’arrière, suspension active avec gestion en temps réel, freinage surdimensionné, système SCT développé par Ferrari pour associer un contrôle actif de la motricité et de la stabilité, entièrement déconnectable.
Bref, vous aurez compris que la 612 Scaglietti n’est pas l’engin idéal pour s’aligner à un time attack, mais pour la file de gauche de l’autobahn, le parking du casino de Monaco voire même sur les petites routes de l’arrière pays niçois, elle sera dans son élément. D’autant plus que celle que je vous ai trouvée, aussi sobre que racée dans sa robe Argento Nurburgring, arbore une boite manuelle 6 vitesses. Oubliez les palettes derrière le volant pour préférer le charme de la grille alu sur lequel vient claquer le levier. En y étant, elle chausse maintenant en Avant Garde AGL15 de 20″ et 21″ enrobées en Michelin Pilot Sport 4S de 245/35 et 325/25. Des ressorts H&R viennent gentiment rabaisser le centre de gravité de quelques centimètres. Dernier détail, les sièges tendus de cuir noir reprenant ce que Ferrari appelle le Daytona Style.
Il n’en faut pas plus pour voir débarquer la Ferrari 612 Scaglietti sur DLEDMV et me faire changer d’avis sur la plastique de cette italienne dont manifestement, les charmes se dévoilent peu à peu avec le temps.
© azzurre7 via BaT
Superbe exemplaire, aux modifications subtiles, qui la rende désirable presque 20 ans après. D’accord avec vous avec le premier abord et les effets du « charme » dans le temps de ce modèle. On y voit ce que l’on perd sur la lignée actuelle.