’77 Toyota Celica Liftback GT – Un 1JZ pour la Mustang japonaise !
par Thierry Houzé | 15 juillet 2023 | Street |
Le coupé Toyota Celica 1er du nom, en liftback, c’est surement le plus séduisant de la lignée. En même temps, chez Toy on l’a mis sur son 31 pour aller chasser sur les terres américaines et européennes. Il fallait lancer la voiture, lui faire un nom et montrer qu’elle était capable de faire aussi bien – voire mieux – que ses rivales.
C’est vrai que dans les 70’s et jusqu’au milieu des 80’s, les mauvaises langues avaient pour habitude de dire que les constructeurs japonais ne savaient pas faire autre chose que de copier les autres constructeurs. Et alors ?! Mieux vaut une bonne copie qu’une mauvaise création non ? Puis si ils copiaient, ils avaient l’avantage d’y apporter leur touche perso, à savoir la fiabilité et un équipement qui avait de quoi rendre jaloux n’importe quel constructeur américain ou européen.
Chez Toyota, si on commence à exporter des voitures à partir de 1955, c’est réellement dans les 60’s que la marque veut réellement chercher à développer ses ventes en dehors de l’archipel. Pour ce faire, il faut qu’on parle d’elle… et pour ça, il n’y a pas à tortiller. Il faut des voitures accessibles et blindées de qualité pour faire le gros des ventes mais surtout, des voitures qui vont faire parler d’elles et de la marque histoire d’attirer les clients potentiels dans les concessions pour rendre le nom de Toyota percutant dans la mémoire des gens. De la comm’ et du marketing au service des ventes.
La première qui va avoir à mettre Toyota sur le devant de la scène, c’est la 2000 GT. En v’là un bon outil marketing qui, dès sa présentation en 65, va porter le flambeau de la marque. En 67, elle enfonce le clou en devenant le déplaçoir de l’agent secret préféré de Sa Majesté et l’année suivante, c’est Mr Carroll Shelby qui va même se charger de lui enfiler le jogging pour l’engager en SCCA.
Tout ça c’est bien, mais maintenant faut transformer l’essai et montrer que toute cette débauche de sport peut aussi être accessible car à la fin des 60’s, Toyota, c’est surtout la Corona et la Corolla. Sympa, mais niveau pompelup, c’est un peu light. Non, il va falloir attendre 1970 pour voir arriver un coupé à l’allure sportive et dynamique, la Celica. Et trois ans plus tard, sur le sol américain, Toyota ne va pas hésiter à aller chatouiller la Mustang en dévoilant la Celica Liftback GT, un nom inventé par Toyota pour se différencier de la Fastback américaine même si, dans sa définition, c’est du copier coller.
La voiture est belle, le châssis est sérieux et si les moteurs ne comptent que 4 cylindres, ils sont pétillants, énervés, fiables et font largement le job sous le capot du coupé japonais, bien aidé par un poids qui se contente de dépasser légèrement la tonne. Le succès va être au rendez vous, la Celica devient un modèle incontournable dans la famille Toyota où elle va enchainer les versions (7 en tout) jusqu’en 2006 lorsque la marque a décidé, après 4 millions de voitures vendues, d’arrêter une success story qui commençait doucement à décliner.
En attendant, le coupé a su trouver ses adeptes. Et aujourd’hui encore, certains ne voient que par lui. Faut dire que la Toyota Celica se targue d’être la première jap à rafler le titre de championne du Monde des rallyes. C’était en 93 avec Juha Kankkunen, réédité l’année suivante aux mains de Didier Auriol pour en faire le premier pilote français titré en WRC.
Mais bon, revenons en à cette Celica Liftback GT. Chez Toy, pour séduire et afficher les ambitions sportives du coupé, on s’est directement inspiré de la référence américaine, la Mustang. En effet, depuis 1964, c’est elle qui pulvérise les records de ventes. Si ce n’est qu’au fil des années, le Pony car est devenu Muscle Car, plus gros, plus puissant. Et c’est peut être là la force de la Celica, car si elle s’inspire de la Mustang Fastback de 69, elle affiche son style avec des dimensions compactes. Et force est de reconnaitre que le coup d’essai est un coup de maitre. A tel point qu’en 76, elle décroche le titre de Motor Trend Car of the Year.
La 1ère génération de Celica reste la plus vendue de toutes en étant la seule à avoir dépassé le million d’exemplaires. Les survivantes sont aujourd’hui recherchées, et même si elles sont souvent dans un piteux état, rien n’arrête les fans pour leur redonner vie.
C’est le cas de ce modèle de 77 qui se faisait doucement dévorer par la rouille lorsqu’il a rejoint le garage de son proprio. Transformé en gruyère, il nécessitait bien plus qu’une banale remise en forme. Du coup, le coupé s’est retrouvé mis à tôle pour une véritable renaissance.
Châssis et caisse ont été refaits à neuf. Le premier a accueilli une ribambelle de pièces empruntées à ses cousines. Le train avant vient d’une AE86, le freinage est un hybride avec des disques et étriers de RX7 alimentés par un maitre cylindre de Supra MkIII accompagné de durites avia. Pour maintenir la caisse, on retrouve des coilovers Techno Toy Tuning réglables et montés avec des plaques de carrossage. Aux quatre coins, les jantes Work Equip 40 en 15″ sont enrobées en Nitto Neo Gen de 205/50 à l’avant et en ATR-K Sport 245/45 à l’arrière.
Après avoir reçu des portes neuves, la caisse a pu être refaite, équipée de fender flares, de pare-chocs et de feux JDM, d’une calandre avec double optiques en HID à l’extérieur et prise d’air à l’intérieur, d’une lèvre inférieure, d’events de capot, de répétiteurs latéraux de Nissan Laurel, de rétros d’ailes en alu taillé dans la masse et d’une magnifique robe Purple signée House of Kolor. D’origine la Celica Liftback se la joue déjà Muscle car, mais là, elle devient vraiment bestiale.
Du coup, avec un tel level, fallait que le ramage soit à la hauteur du plumage. C’est un 1JZ GTE qui a pris place entre les ailes avant, le 6 en ligne 2.5 l turbo qui a fait le bonheur des Chaser, Cresta, Mark II, Soarer ou encore Supra MkIII. Le gazier affiche 280 ch pour 379 Nm de couple. Si ce n’est qu’en y étant, il a vu débarquer un turbo Precision 6262 avec dump valve GReddy, des injecteurs 750cc Clinic gavés par une pompe gros débit, un allumage Wiring Specialties, un refroidissement optimisé avec pipping XXL, wastegate de 45mm, radia et intercooler alu, filtre conique, ligne complète inox sur mesure… le tout géré par un ECU Master EMU Black.
Ce sont maintenant 400 ch qui se chargent de faire fondre les gommes arrière. Avant d’y arriver, ils transitent via une boite 5 manu de Supra MkIII associée à un volant moteur allégé, un embrayage Stage 2 et un DGL emprunté à une Cressida.
Dans l’habitacle, c’est plus soft. Un duo de baquets Recaro avec harnais Willans accueillent le pilote et son passager. A l’arrière, le demi arceau rend la banquette obsolète. Derrière le volant Momo monté sur moyeu snap-off, les compteurs ont été remplacés par une tablette Android, un tachy TRD et des manos ont poussé sur la console centrale, histoire de veiller à la bonne santé du gazier.
Un pommeau Veilside, des tapis de sol et un sono plus tard, y’a plus qu’à souder et envoyer les déhanchés. Cette Celica a en quelque sorte pris sa revanche sur l’histoire. Née pour aller taquiner les Muscle Cars, elle a aujourd’hui de quoi les manger en mode sauce aigre douce…. mmmmmhh très bon !
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