R17 Gordini – Quand le marketing remplace le sport !
par Thierry Houzé | 20 mai 2024 | Street |
Si aujourd’hui les coupés sont devenus surtout élitistes, au début des 70’s, ils étaient tout aussi populaires que les berlines dont ils découlaient. Chaque constructeur se devait de posséder un, voire même parfois plusieurs coupés à son catalogue. Comme chez Renault où on proposait une gamme compète qui allait de la R15 TL à la R17 Gordini. Et vous savez quoi, je vous en ai trouvée une !
Où sont les coupés ?
Vous savez que le coupé est une espèce en voie de disparition ? Une fois de plus je vais faire mon vieux con, mais si on compare avec les années 90, c’est devenu la déchéance. Où sont passés les Prelude, Celica, Fiat Coupé, GTV, Probe, MX6, Corrado, Calibra, 406, Puma, Civic, Tigra, CLK, Rover 220, 100 NX, C70… Et je ne ferais pas une excursion dans les 70’s et 80’s avec les Manta, Fulvia, Capri, coupé 504, Fuego, Ascona, Monza… la liste serait encore très longue ! Aujourd’hui, seuls les constructeurs allemands s’obstinent pour ne pas les voir disparaitre. Si ce n’est qu’ils ont sacrifié le côté populaire pour ne garder que l’alternative premium. En même temps, quand on considère un SUV sportif et une voiture électrique propre, plus rien n’étonne…!
Sport et luxe mais aussi populaire
En tout cas, au siècle dernier, s’ils sont nés luxueux, ils ont fini par devenir sportifs mais aussi populaires. En haut de la gamme, t’avais le sport ou le luxe (parfois les deux en même temps)… en bas, le quidam des mortels pouvaient s’offrir des lignes dynamiques et séduisantes même avec seulement 60 ch sous le capot. Les coupés n’étaient pas une évolution mais une vraie gamme dans la gamme.
Les frangines R15 et R17
Quasiment tous les constructeurs se devaient d’en proposer un, voire même plusieurs. Chez Renault, depuis 1958, c’est la Floride (ou Caravelle) qui porte le flambeau. 10 ans plus tard, elle prend sa retraite sans être remplacée. Les fans devront attendre 3 ans avant de voir arriver le duo R15 et R17, dérivé de la R12, mais en plus séduisant. Les R15 et R17 sont deux soeurs jumelles. On les différencie grâce à leurs optiques et leurs vitres latérales arrière mais aussi par une hiérarchie numérique entre les deux puisque la 17 se positionne un cran au dessus (en même temps… 15… 17… ‘fin voilà quoi !) en terme de prestation. Le moteur le plus péchu de la 15 est l’entrée de gamme de la 17. En tout cas, l’histoire des deux sympathiques coupés va durer 9 ans et se solder avec presque 210000 R15 et un peu moins de 95000 R17. Comme quoi, l’entrée de gamme ça marchait. En 80, le duo laisse sa place à la Fuego, mais ceci est une autre histoire…
Alpine ou Gordini ?
Car celle qui nous intéresse aujourd’hui, c’est la R17 Gordini… bah j’le sais parce que c’est écrit dans le titre ! Il faut savoir que si en Europe elle est née R17 TS, le nom Gordini sera dans un premier temps réservé au marché américain. En effet, sur le vieux continent, Renault préférait miser sur Alpine. Enfin, je crois… puisque pendant que les européens roulaient en R5 Alpine, les anglais le faisaient en R5 Gordini… mais quand il roulaient en R12 Gordini, l’Argentine voyait débarquer la R12 Alpine. Ouais bon, c’était un peu le bordel au service produits avec une stratégie comm’ qui s’y perdait un peu… cherchez pas à comprendre, c’est français !
D’abord pour les américains !
Quoiqu’il en soit la R17 Gordini va essayer d’envahir le pays de l’Oncle Sam dès 71. N’oubliez pas qu’au début des 70’s, les escrolos et les assureurs américains veulent la mort des muscle cars. Trop gros, trop puissants, trop dangereux… du coup, Renault y voit l’opportunité d’y placer son coupé qui en fait, n’est autre qu’une R17 TS qui reprend le cléon alu de la R12 Gord’, si ce n’est que pour répondre aux normes et tenter de séduire, il est maintenant gavé par une injection Bosch D Jetronic à la place des double corps. Ca sauve les pingouins, mais ça bride le gazier à 108 ch au lieu des 125 ch de la R12. Heureusement la R17 sait se montrer encore légère et avec moins de 1100 kg elle se contente d’afficher des perfs… honorables. Le 0 à 100 en moins de 10 secondes et la Vmax de 185 km/h sont corrects. Niveau tenue de route, c’est souple avec un bloc monté en porte à faux avant et des gommes de 13″ en 165 de large. En gros, y’a pas de miracle ! Ca se vautre, ça tangue, ça gite et le train avant est vite dépassé. Une reine du sousvirage au pays du survirage ! Pensez bien que la mayo allait avoir du mal à prendre… Et en septembre 72, l’arrivée du toit ouvrant en toile ne changera pas grand chose. La diffusion de la 17 Gord’ ne sera qu’anecdotique.
Puis en Europe
Alors en 74, histoire de sauver la face, elle tente sa chance en France. La R17 Gordini va devenir la remplaçante de la R17 TS injection. Si ce n’est qu’en dehors du badge, et la greffe de barres antiroulis, rien ne change. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est pire. Les normes sont plus coriaces et la R17 Gord’ est équipée du 1.6 l de la R16 TX fort de 96 ch. Quoiqu’il en soit, sur le marché français c’est la R15, moins gourmande et moins chère, qui prend largement l’ascendant sur sa sœur presque jumelle et presque sportive.
Collector
En septembre 75, Renault tente un dernier drop. La caisse est restylée et le tableau de bord s’inspire maintenant de celui de la R30. La TS fait son come back mais avec le moteur de la version import, le 1647 cm3 de 96 ch. La 17 Gordini est maintenue au catalogue, mais après une centaine d’exemplaires écoulée, elle s’effacera en 78 sans que personne ne remarque son absence. En juin 79, la production des coupés 15 et 17 s’arrête afin de laisser la place à celle qui va tenter de mettre le feu chez Renault… Sur les 300000 coupés R15 et R17 produits, seulement 3028 auront reçu le badge Gordini sur leurs fesses (et 4247 en version export).
Mais… la base est là !
Pour l’anecdote, celle qui me sert à illustrer cet article est une des toutes dernières Gordini à avoir traversé l’Atlantique. Vendue en avril 79 dans l’Illinois, elle s’habille en noir avec intérieur vinyle rouge (on appelle ça une Nakamura !). Volant et pommeau Momo, amortisseurs Koni, jantes Momo en 13″ avec pneus de 205 et une ligne inox essayent de dynamiser un peu plus la bestiole. Il n’empêche que même si une R17 Gordini peut laisser sur sa faim, sur celle là, le gars est resté timide mais… la base est là. Un bloc plus viril, des trains roulants revus et la R17 doit pouvoir se changer en sleeper, d’autant plus que niveau gueule, elle a plutôt bien vieilli. Je lance l’appel, si vous en cachez une bien énervée au fond de votre garage, on peut lui faire poser ses roues sur DLEDMV.
© YvesPGB via BaT
Pour la R5 Gordini et pas Alpine en Angleterre, c’est parce que le nom Alpine était réservé par Sunbeam .
JL Therier sur la R17 Gordini à quand même terminé 1er au rallye Press on regardless, comptant pour le championnat du monde des rallyes (épreuve facultative). Devant Marku Alen et une Alpine SVP..
Euh non c’est surtout en France qu’on ne fait plus de coupé.
Bien sur il y a les allemands qui en font toujours, mais aussi les italiens, les anglais, les américains, les japonais…