L’homme a toujours eu besoin de se comparer à ses congénères, et plus il vieillit, plus ce tempérament est exacerbé par un esprit de compétition aussi stupide qu’inutile. Mais c’est comme ça, surement pour se rassurer, à l’image du chef de la meute qui pisse sur tout le monde pour imposer sa virilité. Chez l’homo-mecanicus, c’est pareil, sauf que le plus fort, c’est celui qui va plus vite que les autres…
S’imposer coute que coute, être devant les autres à tous prix… J’ai jamais trop pigé le principe. On le voit souvent dans les commentaires, le fameux « Ouais mais moi avec ma ………….. , j’suis largement devant » ou alors « Pffff, ça avance pas ! ». Ok, et après ? Y’a une hiérarchie ? Tu gagnes quelque chose ? Genre des super pouvoirs comme réussir à se lécher le coude ou se mordre les dents ? Ah, même pas… alors je comprends vraiment pas. Si ce n’est le simple besoin de se rassurer. Et cette pathologie, dans le milieu de la bagnole, on la croise presque partout. Elle nait avec l’obtention du permis… Ah faut les voir avec leur « A » au cul, dans leurs Clio ou 206 rincées, se prendre pour un Loeb en mode Wish ! Après, avec l’âge, ça peut disparaitre… ou s’amplifier.
Ceux qui s’en sortent focalisent sur le plaisir, l’ambiance, l’atmosphère, les sensations… Ils ne seront jamais les premiers, d’ailleurs ils s’en branlent ! L’essentiel, c’est le plaisir, un peu égoïste, qu’ils prennent derrière un volant. Puis il y a les autres, ceux qui ne voient que par l’esprit de compet’, hurlant le primitif cri de guerre « Raaahhhh chuis devant… », les yeux injectés de sang et la bave aux lèvres, pendant que tout tourne autour de l’apparence. Faut juste qu’on les remarque. Attendez, il ne faut pas les accabler car souvent, ils sont malheureux sans même s’en rendre compte, préférant sacrifier leur plaisir juste pour briller aux yeux des autres. Si c’est pas dommage ça ! Vivre dans une futilité éphémère qui finit toujours par les renvoyer à leur propre réalité…. Houla, elle est lourde celle là, j’ai subitement l’impression d’écrire pour HEPAD Magazine !
Alors pour les aider et leur montrer que finalement, on finit toujours par tomber sur plus fort que soi, voilà une petite rétro des différents records de vitesses depuis la naissance de la bagnole avec un moteur à explosion à la fin du 19ème siècle. Sachez qu’en 1894, la Benz Velo, première voiture produite en série, atteint les 20 km/h… un cheval au galop va plus vite. 5 ans plus tard, la « Jamais Contente », sorte de suppo sur roues, est la première voiture à passer la barre des 100 km/h. 68 ch, 1,5 tonnes dont 700 kg de batteries… oui, elle est électrique. Malgré cela, considérée comme trop longue à recharger et offrant une autonomie limitée, les ingénieurs et inventeurs se tournent vers les moteurs thermiques. En 1909, le français Victor Hémery est le premier à franchir la barre des 200 km/h à bord de sa Blitzen-Benz de 200 ch. Le missile blanc accuse 1450 kg et reçoit un 4 cylindres de 21,5l de cylindrée ! Soit un peu plus de 5300 cm3 par cylindre… J’vous laisse imaginer la gueule des pistons et bielles ! En mars 1927, c’est au tour du britannique Henry Segrave d’aller à plus de 300 km/h sur la plage de Daytona Beach , au volant d’une Sunbeam 1000HP. 5 ans plus tard, Sir Malcolm Campbell fait tomber la barre des 400 km/h sur sa Campbell Napier Railton Blue Bird. Celle des 500 km/h sera passé à la fin de l’année 1937. Le record est signé par George Edward Thomas Eyston dans sa Thunderbolt. Gary Gabelich va être le premier pilote à passer les 1000 km/h, ce sera à bord de la Blue Flame en 1970, sur le lac salé de Bonneville. Enfin en 1997, Andy Green passe le mur du son en roulant à 1223,65 km/h dans le cockpit de sa Thrust SSC mue par un turboréacteur… Bon, là, on est avec des engins développé exclusivement pour aller battre des records…
Pour ce qui concerne les routières, les records sont bien plus modestes, et moins rapides. En 1926, la Bugatti Royale est officieusement la première voiture à pouvoir dépasser les 200 km/h sur route, mais personne n’ira essayer ! Officiellement, la première à le faire sera donc la Jaguar XK120 en 1949.
Au fil des années, les records routiers vont tomber. 225 km/h en 55 pour la 300 SL, 245 en 61 avec la Jaguar Type E, 275 pour la Lamborghini Miura P400 en 66 avant que la Ferrari 365 GTB/4 lui ravit le titre 2 ans plus tard avec 281 km/h. En 1984, avec la Ferrari 288 GTO, on passe pour la première fois les 300 km/h, 306 exactement. En 86 la Porsche 959 pousse l’aiguille 11 km/h plus loin. L’année suivante, la F40 débarque avec ses 325 km/h. En 90, c’est la Diablo qui pointe à 327 km/h. Puis c’est au tour de l’EB110 GT en 91 suivie de la XJ220 en 92 (respectivement 336 et 349 km/h). 6 ans plus tard, la McLaren F1 met tout le monde d’accord en dépassant les 386 km/h.
Enfin à partir de 2005 on entre dans la stratosphère des 400 km/h avec la Bugatti Veyron EB 16.4 qui cale son aiguille à 408,47. Deux ans plus tard, la SSC Ultimate Aero surprend son monde avec ses 412 km/h. La Bugatti Super Sport pousse le bouchon jusqu’à 431 en 2010 avant que la Hennessey Venom GT à 435 en 2014. 2017, c’est Koenigsegg qui envoie son Agera RS à 447 km/h. De quoi énerver Bugatti qui aligne alors sa Chiron Super Sport 300+ pour exploser les 490 km/h en 2019.
Vous voyez où je veux en venir… Alors que Hennessey annonce que sa Venom F5 est capable de passer les 480 km/h, la semaine dernière, la surprise est venue de la SSC Tuatara (le nom d’un lézard de Nouvelle Zélande) qui s’est téléportée à 532,7 km/h… La messe est dite ! Jusqu’au prochain record. Mais là, on atteint quand même des chiffres débiles… mais qui doivent aider Kevin et sa Polo TDi Stage 18 à reposer les pieds sur terre.
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