Quand un milliardaire un peu mégalo souhaite poutrer tous ses potes lors de leurs rassos de supercars à Abou Dabi, il demande à Lotec et à Mercedes de lui développer la caisse la plus débile du début des 90’s, en leur laissant un budget no limit. De là va naitre la Lotec C1000 avec pour objectif, 1000 ch pour 1000 kg et plus de 400 km/h…
Pour certaines personnes, la vie est une véritable tragédie ! Nous sommes en 1990. Un Cheik des Emirats Arabes Unis, alimenté aux pétro-dollars et accessoirement collectionneur de voitures, décide de s’offrir la sportive la plus ultime de la planète. Ouais voyez, lors des rassos du vendredi soir sur le parking de marbre blanc du centre commercial LVMH, au milieu de tous ces shops haut de gamme et du concessionnaire BMW Europe Moto. En effet, débarquer à ces soirées en Koenig Testarossa, en Yellowbird, en Alpina B7 Turbo ou en AMG Hammer, c’était devenu d’un commun ! Si ce n’est la couleur, ils avaient tous les mêmes caisses… et ça, ça emmerdait bien notre Cheik qui était prêt à en faire un gros pour s’offrir l’engin ultime qui fera de lui le king du parking.
Pour ce faire, il va se tourner vers Kurt Lotterschmid, le boss de Lotec. La firme allemande a vu le jour en 62 avant de se lancer à partir de 69 dans la construction de voitures de course puis, à partir de 75, dans la modification et la préparation de Porsche. Au début des 80’s, Lotec entre en endurance et développe ses propres protos engagés en Gr.6 puis en Gr.C, motorisés d’abord par des BMW M88 avant de passer chez Cosworth pour finir, à partir de 1990, par équiper ses voitures avec le V8 M117 de chez Mercedes (celui des 450 SL, 500 SEC et 560 SEC). En parallèle Le « préparatueur » allemand propose ses services à tous les propriétaires de Mercedes, Ferrari ou Porsche spécialisé dans les modifications, qu’elles soient esthétiques ou mécaniques, des missiles routiers de chez Mercedes, Ferrari ou Porsche. En 90, il signe une Porsche 928 shootée au compresseur pour 520 ch. L’année suivante, il fait partie du projet Colani Testa D’Oro, et se charge d’aller chercher 750 ch du 12 cylindres de la Ferrari Testarossa avant de présenter sa Lotec 1000 TT, une Testarossa biturbo de 1000 ch, soeur quasi jumelle de la Koenig.
Pour en revenir à cette commande un peu spéciale, les ingénieurs de Lotec vont se pencher sur le sujet en compagnie de ceux de Mercedes. Une fois le projet validé, Lotec entame le développement de la C1000 (c’est son petit nom !) en 1991. Un châssis carbone équipés de trains roulants récupérés sur les sport protos, va être équipé en positiion centrale arrière d’un V8 5.6 l M117 dopé par un duo de turbos Garrett. On y retrouve également une boite 5 manuelle Hewland et un freinage AP Racing eux aussi empruntés des protos qui couraient en IMSA. Les roues s’affichent en 17″ chaussées en 265/40 et 335/35.
Un caisse elle aussi en carbone vient habiller le tout. Le style est vif, incisif, aérodynamique et si l’avant manque d’originalité et de charisme, l’arrière est nettement plus inspiré avec un diffuseur XXL, un aileron sur pied central et de quoi aérer le V8 avec ses 854 ch (Lotec en visait 1000, d’où le nom de la voiture) et 980 Nm de couple.
Le cockpit se limite à l’essentiel. Pour être clair, il ne rendra jaloux aucun missile sol-sol sorti des lignes de montage d’un constructeur. Plus inspiré par la compet’, on a plus envie d’y entrer équipé d’un casque modulable haut de gamme plutôt que d’une casquette en Tweed. Il n’empêche que l’engin ne pèse pas plus de 1080 kg. Avec un rapport poids puissance de 1,26 la Lotec C1000 a de quoi à remontrer aux hypercars actuelles… c’est mieux qu’une Koenigsegg Agera R, qu’une LaFerrari, une Zonda Revolucion ou une Saleen S7 Twinturbo.
Si la voiture est terminée en 94, il faudra encore une année aux ingénieurs pour peaufiner son développement afin d’essayer de la « civiliser ». Nul doute qu’ainsi armé il a pu poutrer tout ce qu’il pouvait croiser. Avec un 0 à 100 annoncé en 3,2 secondes, et la barre des 200 km/h pulvérisée en 8,1 Lotec revendiquait une Vmax de 431 km/h, mais les essayeurs les plus téméraires et les plus kamikazes l’enverront à 374 km/h.
L’ingénierie aura couté plus d’1 million de $… ajoutez y les 1,2 millions pour la production, plus les faux frais et vous obtiendrez un prix final estimé entre 2,5 et 3,2 millions de $ ! Il n’empêche que livrée en 1995, le proprio ne fera pas plus de 2576 km à son volant… probablement effrayé par le monstre. La Lotec C1000 a refait surface il y a quelques années, pour être vendue à 650.000 $ par un professionnel basé à Charlotte.
Et de gros air de ressemblance avec la « descendante » CLK GTR, l’inspiration n’a pas été dure à trouver pour la seconde. D’ailleurs je pense que le V8 bi-turbo dérive plus ou moins de ceux des Sauber Mercedes du Groupe C (comme celui du CLK-LM).
Le plus dingue dans l’histoire c’est que la « frileuse » Mercedes-Benz de l’époque, toujours traumatisée par l’accident du Mans 55, trente ans après ait donnée son accord à cela!!!
Cela dit l’engagement en Groupe C avec Sauber marquait déjà une envie de retour vers les circuits et la haute performance, même si c’est un » peu masqué »!!!