Aux USA, les bagnoles, c’est comme les fringues. Il y a les tendances, comme le restomod et le backdating. Deux modes qui de loin, se ressemblent énormément, alors que de près, elles sont diamétralement opposées. Explications…
S’il n’y a pas mieux pour énerver les puristes, l’un ou l’autre emprunte les mêmes règles qu’une restauration classique où, n’oublions pas la priorité des priorités puisqu’il s’agit de redonner vie à une base souvent ruinée, rincée, sortie de grange voire qui se décomposait lentement au fond d’un terrain vague ou d’un champ.
Sauf qu’une restauration, malheureusement ça coûte cher, très cher. Et sur certaines bases, il est illogique d’aller investir parfois le double de leur valeur… la passion se fait alors rattraper par la raison. Ajoutez à cela la pénurie de certaines pièces ou des prix demandés juste délirants, et vous comprendrez que quelques restaurateurs et propriétaires ont préféré se tourner vers des méthodes parallèles, moins traditionnelles, mais tout aussi efficaces et bien moins onéreuses. Le restomod était né…
Ce n’est pas bien compliqué, il suffit de décomposer : Restoration – Modern. Restaurer tout en profitant de l’occasion pour y apporter des touches modernes, que ce soit au niveau du moteur, du châssis voire de l’esthétique. Mais attention, il y a une règle bien spécifique : Ne pas dénaturer les lignes et l’esprit originels de la voiture.
Venu tout droit des States, le restomod permettait à une classique de proposer en partie les avantages d’une moderne tout en gardant le charme de son époque. Swap, habitacle, suspensions, préparation, pose d’une direction assistée, de la clim… il s’agit grosso modo d’une évolution soft de la tendance custom. C’est juste de savoir où on va positionner le curseur de la sobriété. Trop poussé et vous basculerez du restomod au custom… C’est subtil, mais pas foncièrement compliqué.
Pour le backdating, c’est kif kif. Là aussi la tendance nous vient des Etats Unis où certaines voitures de collection devenues inabordables, a donné l’idée à des passionnés de modifier des modèles plus récents afin de s’offrir l’illusion de rouler dans une ancienne. Le backdating venait donc de voir le jour.
Le piège est de confondre Restomod et Backdating. Même si l’aboutissement est quasiment identique, le chemin est diamétralement opposé, car vous pouvez mettre deux mêmes voitures côte à côte, et vous rendre compte que l’une est « restomodée » pendant que l’autre est « backdatée » ! En fait, si avec le premier vous rendez une ancienne moderne, avec le second, vous rendez une moderne ancienne. Prenez une aspirine, je vous attends !
Le Backdating, c’est récupérer une voiture moderne, garder ses atouts bien actuels, mais lui offrir un look sorti du passé. Bien entendu, cela ne fonctionne que sur des bases qui ont traversé les époques en conservant une approche esthétique cohérente, Mustang, Corvette, Porsche 911… Le choix est bien plus sélectif que pour un restomod qui lui, peut s’accommoder de n’importe quelle classique.
Au final, Restomod ou Backdating permettent de pouvoir rouler dans des voitures d’apparence vintage sans avoir à supporter les contraintes du temps. Une fois modifiées, elles offrent des performances, une tenue de route et une sécurité modernes tout en étant fiables et utilisables au quotidien.
Si les préparateurs américains sont les précurseurs, les spécialistes européens n’ont pas tardé à entrer dans la danse. Singer, Emory, Ring Brothers, Gas Monkey, Chip Foose, Ruf, DP Motorsport, MCG Propulsion, Beacham, Alfaholics, RWB, Kaege, Gunther, Machine Revival, Redux, Legacy Overland, Mechatronik, ECD Automotive Design, Eagle, Ares Design… et ils sont de plus en plus nombreux, chacun dans son style et sa spécialité, muscle car, Porsche, Mercedes, japonaises, Alfa, 4×4, SUV… affichant la plupart du temps une finition à rendre jaloux les meilleurs restaurateurs classiques. Même certaines pépites commencent à recevoir leur cure : Type E, Rolls Royce, Alfa Zagato, Ferrari, BMW E9, Plymouth Roadrunner, Jaguar MkII, Porsche 356, et bien d’autres.
Bien entendu, que ce soit le backdating ou le restomod, ils sont devenus les pires ennemis des puristes… surtout de notre côté de l’Atlantique et plus particulièrement dans l’hexagone (ah ça, quand il faut râler, y’a du monde !). Pourtant, un beau projet, signé d’un spécialiste, ne dégrade pas la valeur de la voiture. Au contraire, une 911 Ruf, une Mustang des Ring Brothers ou encore une 356 signée Amory, toutes ont fini par trouver leur place dans le milieu de la collection. Aujourd’hui, Singer présente ses dernières créations comme Ferrari ou McLaren le feraient avec leur dernière hypercar. Ian Callum, directeur du design chez Jaguar, arpente les routes du Luberon en Jaguar MK2 restomod. Jeremy Clarkson avoue que la Type E revue par Eagle est probablement la plus belle et envoûtante voiture qu’il ait pilotée. Elles deviennent les stars des ventes aux enchères et raflent les « Best of Show » des différents salons mondiaux. Bref, n’en déplaise à nos amis les puristes, les voitures backdatées ou restomodées s’imposent doucement mais sûrement comme la référence de la modification. Après, chacun ses goûts, mais entre ça et le tuning de Michel qui colle fièrement des ailerons et un flaming sur sa BX, personnellement j’ai fait mon choix !
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